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Le Roman de saint Louis

Le Roman de saint Louis
  • Auteur : Philippe de Villiers
  • Editeur : Albin Michel
  • Année : 2013
  • Nombre de pages : 448
  • Prix : 21,00 €

À l’occasion du 800e anniversaire de la naissance de saint Louis, mettre à la portée des (jeunes) Français celui qui fut le plus grand de nos rois est une priorité indiscutable. « Quand la maison s’écroule, explique Philippe de Villiers, il faut chercher le mur porteur. » Saint Louis demeure l’un de ces murs. C’est lui qui fonde encore aujourd’hui l’idée qu’on se fait de l’autorité, de la justice, de la dignité, de l’humilité et du bien public.

Le 8 novembre 1226, à la mort de Louis VIII le Lion, son fils aîné lui succède. Louis IX n'a que douze ans et sa mère, Blanche de Castille, assume la régence. Le jeune roi gouvernera cependant très vite, mettant fin à la guerre contre l'Angleterre et à la croisade des Albigeois. Il régularisera les relations entre la France et l'Aragon, matera les féodaux frondeurs et modernisera l'administration. Mais ses multiples croisades affaibliront le pays : pour lui, la France devait prendre sa part dans le sort des chrétiens de Terre Sainte, quel qu’en fut le prix.

Il reste avant tout le roi qui a fait de Paris la capitale la plus prestigieuse de la chrétienté occidentale, avec son université et ses grands monuments (Sainte-Chapelle, Notre-Dame). Il aura favorisé l'essor d'une bourgeoisie active et entreprenante.

Louis le Saint fut un roi visionnaire. Il savait lire avant les autres tout ce qui affleurait : derrière la croisade, la mission de conversion ; derrière l’Église possédante, une Église mendiante ; derrière l’État féodal, l’État moderne ; derrière la suzeraineté, la souveraineté ; derrière l’art de gouverner, le gouvernement des arts. Il a enluminé son royaume, comme un copiste au secret de son encre d’or, de maisons-Dieu et de pierres bibliques. Il a pratiqué à la lettre la maxime de saint Augustin : « La paix, c’est la tranquillité dans l’ordre. »

D’apogée et d’échec

Ce qui est fascinant chez saint Louis et qui le rend si attachant comme le fait Villiers, c’est qu’il est à la fois un roi d’apogée et un roi d’échec. Quand il s’élève en altitude, il nous tire vers lui, et quand il traverse la vallée des larmes, il nous redonne la main. C’est un roi qui ne ressemble à personne et qui ressemble à chacun de nous. Il va chercher sa sainteté dans son humanité. Il n’est jamais marmoréen. Il n’est jamais dans son vitrail. Il vit pétri de sentiments. Il se laisse bousculer par le doute. Parfois, il hésite. Il se trompe. Souvent, il échoue. Il connaît l’épreuve et l’adversité. Les deuils et la trahison l’accablent.

Son amour de Marguerite est d’une sensibilité universelle. La rivalité de la belle-fille et de la belle-mère, qui le navre, est d’un classique absolu. Il passe par les sentiments de tout homme. Jusqu’à la tentation d’abdiquer.

Philippe de Villiers se glisse avec audace et délicatesse, et non sans le panache qu’on lui connaît, dans l’âme de son roi qui parle à la première personne. Dans ce roman biographique alerte et plein de fougue, le pieux saint Louis apparait plus comme un souverain habile et sage, mari empressé et fidèle, qu'un pourfendeur d'infidèles. Sur la légitimité, la laïcité, l’islam, saint Louis a tout dit, tout vu, tout compris ou presque !

L’auteur ne se refait pas : il nous livre une belle cinéscénie littéraire, un Puy-du-Fou médiéval plein de sagesse politique pour aujourd’hui, la sagesse du plus grand de nos rois.

L. P.


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