Christian Vanneste, député du Nord, a publié le 12 juillet sur son site web la réflexion qui suit, sur l'introduction du gender dans les programmes du lycée.

 Quel est l'un des signes les plus évidents qui distingue la démocratie du totalitarisme ? Dans la première, la libre raison humaine se livre à de recherches scientifiques qui n'aboutiront jamais définitivement, ce qui est  la preuve  de leur sérieux. Dans la seconde, la croyance idéologique se fait absolue et répressive. Ainsi, le marxiste-orthodoxe Lyssenko avait rejeté la génétique fondée sur les petits pois du moine catholique Mendel. De la même façon, le féminisme militant et délirant est à l'origine de la fantasmagorique théorie du gender qui s'impose maintenant dans l'enseignement SVT des premières L et ES de notre malheureuse démocratie agonisante.

Prenez un peu d'ethnologie orientée avec les mères-tueuses Mundugumor de Margareth Mead, une pincée de philosophie phénoménologique et existentialiste avec Simone de Beauvoir, et on a déjà cet étonnant mélange contradictoire de la revendication d'une liberté avec l'affirmation du déterminisme culturel. Apparemment, c'était une étape : on jette par-dessus le bord la soumission à Dieu ou à la Nature, et ensuite on se libère des contraintes sociales. Reste une liberté vierge, dépourvue de toute identité préconçue, l'idéal féministe ! La femme ne sera rien d'autre que ce qu'elle se fait être, un individu libre de sa vie, de la vie qu'elle pourrait engendrer et bien sûr de sa sexualité.

Le raisonnement, si on peut employer ce terme, repose sur une distinction et une confusion. On distinguera d'abord la féminité, c'est-à-dire l'ensemble des comportements qui sont associés au sexe féminin par une certaine culture, de l'appartenance au sexe lui-même, tout en privilégiant la part de la culture sur celle de la nature, négligée, voire complètement niée. On confondra ensuite la  sexualité , c'est-à-dire l'existence de deux sexes distincts dans une grande partie du monde vivant, et leur relation dans la procréation, avec les comportements psychiques et affectifs qui l'accompagnent chez les animaux qui ont au moins un système nerveux central très développé.

Fort de ces idées, le féminisme a  engendré  la théorie du gender, immédiatement  adoptée  par le lobby homosexuel à la fois puissant sur le plan médiatique et évidemment stérile sur le plan intellectuel. Cette théorie est venue des Etats-Unis, pays où l'on parle une langue qui utilise trois genres, une aubaine pour ceux qui voulaient qu'il y ait au moins un troisième sexe ! Le cartésianisme français est plus résistant : nous n'avons que deux genres, comme il n'y a que deux sexes, et ils appartiennent à la grammaire et non à la biologie ni aux sciences molles parfois appelées humaines. En dehors de cet emploi, on parlera du genre soit pour désigner l'espèce humaine toute entière, soit le groupe des hominiens auquel elle appartient.

La théorie du gender, non contente d'ignorer superbement la biologie et la grammaire française va jusqu'à inverser le sens véritable de la démarche existentialiste. Il ne s'agit plus d'affirmer la liberté de l'ego mais au contraire de justifier les comportements par un invraisemblable déterminisme naturel qui conduirait les individus à avoir un comportement  sexuel , une  orientation , non en fonction de leur environnement culturel, mais en raison de leur programme génétique. Au lieu de la personnalité ectoplasmique de l'existentialisme, on aura la personnalité programmée pour un comportement, fut-il bisexuel.

Qu'une pareille bouillie idéologique puisse être considérée si peu que ce soit avec sérieux et enseignée alors qu'elle ne repose sur aucune connaissance digne de ce nom, ni même sur le minimum de cohérence interne nécessaire à une théorie devrait soulever un inextinguible rire rabelaisien. Que nenni, l'opinion est sacrée. Celui qui y porte atteinte sera excommunié. L'initiatrice de ce délire soixante-huitard semble en être aujourd'hui revenue (cf cet article de Gérard Leclerc). Qu'elle prenne ses gardes. 

En complément de cette réflexion, le député livre aux internautes un lien vers la lettre qu'il a adressée le 8 juin à Luc Chatel, ministre de l'Education nationale, cosignée par les députés Xavier Breton, Marc Le Fur et Jean-Marc Nesme. Une lettre, précise-t-il,  restée sans réponse à ce jour . Nous la reproduisons ci-dessous :

 Monsieur le Ministre

L'Education nationale est sans doute l'une des missions les plus nobles de la République : elle doit permettre aux jeunes générations d'acquérir les connaissances élémentaires, culturelles, scientifiques et techniques, les savoirs et les savoir-faire qui permettent à une personne de s'épanouir au sein de la société, de se former professionnellement et de devenir autant que possible un citoyen respectueux des lois.

Pour autant, l'Education nationale n'a pas à ses substituer à la famille, ni à instiller sous le couvert d'un enseignement scientifique des conceptions purement idéologiques. Ces dérives qui sont le propre d'un Etat totalitaire n'ont à l'évidence aucune place dans une démocratie libérale qui, dans notre pays en particulier, revendique le respect de la laïcité, c'est-à-dire d'une neutralité à l'égard des croyances personnelles. De plus, notre système éducatif admet l'existence d'un enseignement privé confessionnel, bénéficiant constitutionnellement du droit au  caractère propre , et qui est associé à l'Etat par contrat.

Ces deux raisons rendent scandaleuse l'introduction dans les manuels de SVT de premières L et ES de la théorie du gender. Cette théorie fumeuse qui tend à imposer une conception issue d'un culturalisme dévoyé est exposée dans des manuels qui seront à la disposition des élèves à la rentrée prochaine. Rien ne nécessite cet enseignement qui va à l'encontre non seulement des connaissances scientifiques les plus élémentaires, amis aussi de la conception que se fait l'immense majorité des parents de l'éducation de leurs enfants.

Nous sommes l'objet de multiples protestations et nous vous demandons solennellement de nous recevoir afin de vous entretenir de cette question.

Dans l'attente de votre réponse que nous souhaitons rapide, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l'expression de notre haute considération.