A la suite de la publication sur notre site d'un article de Pierre-Olivier Arduin dénonçant les contenus idéologiques des manuels de SVT de première L et ES, Libertépolitique.com a mené une enquête auprès de différentes personnalités afin de comprendre les enjeux et les moyens dont nous disposons pour agir.

L'idéologie du Gender inspire les manuels scolaires. Premiers concernés, les éditeurs.  Désireux de comprendre les raisons qui les ont motivés, nous avons tenté d'approcher les trois principaux éditeurs à propos desquels Pierre-Olivier Arduin nous avait alerté. Peine perdue, il semble que ni Nathan, ni Belin, ni Bordas ne souhaitent justifier leur choix et leur interprétation maximaliste du BO. Mahin Bailly, responsable des éditions Bordas, a cependant réagi dans le Figaro déclarant  On nous demande d'évoquer l'influence du contexte sur le comportement sexuel. Il n'y a là rien de choquant . Elle a par ailleurs concédé une certaine maladresse dans l'élaboration d'un passage .

Certes la réforme des programmes parus au bulletin officiel de l'Education nationale (BOEN) n'est pas très claire et les termes choisis laissent la porte ouverte aux propagandistes de l'idéologie du gender. (Cf l'analyse du BO d'Elizabeth Montfort)  Cependant, ce sont bien les éditeurs qui ont fait le choix d'une application très idéologique des préconisations du BO.

L'article de Pierre Olivier Arduin et notre lettre ouverte au Ministre ont d'ores et déjà suscité des réactions. Ainsi les Associations Familiales Catholiques ont également adressé une lettre au ministre Luc Chatel dans laquelle elles mettent en garde :  Tout ce qui serait compris comme une tentative de contournement des parents, sur des sujets aussi sensibles que l'éducation affective et sexuelle, ne pourrait que susciter des incompréhensions, voire des tensions, particulièrement préjudiciables à l'élève . La lettre des AFC pointe également les paradoxes de l'enseignement d'une théorie comme le Gender dans une matière scientifique telle que les Sciences de la Vie et de la Terre. L'association familiale a également lancé une pétition sur la  liberté de conscience à l'école . Une entreprise qui pose également la question de l'objection de conscience pour les professeurs. François de Lacoste Lareymondie, auteur de Je refuse ! L'objection de conscience, ultime résistance au mal, met en garde contre un usage abusif de ces  termes (Cf. Professeurs de SVT : L'acte de conscience avant l'objection de conscience ). Il précise :  Respectueux de la vérité scientifique, les professeurs doivent aussi l'être vis-à-vis des consciences de leurs élèves, qu'ils doivent élever à la connaissance et à l'esprit critique. Mais cela doit être fait sans polémique ni provocation, quitte à contourner la difficulté si nécessaire. 

Du côté des politiques, l'affaire ne semble pas vraiment émouvoir. Seule Christine Boutin a réagi, elle aussi par  une lettre ouverte au ministre dans laquelle elle invoque  la liberté de conscience des familles et la responsabilité des parents en matière d'éducation affective et sexuelle de leurs enfants  et demande à Luc Chatel  d'intervenir et de faire en sorte que la théorie du genre ne soit pas enseignée dans des cours de sciences .

Du côté du corps enseignant, les réactions sont variées.  Tout dépend de la culture du professeur  précise par exemple François-Xavier Clément, directeur diocésain de l'enseignement catholique à Saint-Etienne.  Dans le système actuel, le professeur est libre de choisir la manière dont il interprétera et appliquera les recommandations ministérielles tout comme il illustrera les sujet en classe, explique-t-il.  C'est ainsi qu'un professeur témoignant sur notre site précise :  la distinction entre  identité sexuelle  et  orientation sexuelle  est quelque chose qui semble tout à fait normale [pour ses collègues ndlr], alors qu'en ce qui me concerne, je crois à l'unité de la personne . Des propos inquiétants puisque des enseignants de science de la nature sont prêts à orienter leurs enseignements scientifiques d'après le prisme d'une idéologie qui nie les données de la nature.

Très conscient de ce problème, François-Xavier Clément met en place actuellement une formation sur les théories du Gender et leurs enjeux qui sera proposée à tous les enseignants qui le désirent, de son diocèse ou non. Pour ce directeur diocésain à Saint-Etienne,  la marge de manœuvre de l'enseignement catholique se situe au niveau de la liberté de l'enseignant.  C'est pourquoi il est important de miser sur la formation de ces derniers comme le souligne aussi François de Lacoste Lareymondie à propos de l'objection de conscience. Cette initiative interdiocésaine mais non nationale est une réponse intéressante à l'inquiétude que relaient les AFC dans leur lettre au ministre :  Ce changement de programme pose ainsi directement la question du rôle des enseignants, de la formation qu'ils auront reçue pour aborder cette partie du programme et de la liberté pédagogique qui sera la leur en la matière .

Un autre directeur diocésain a lui aussi réagi sur son site. Nous l'avons contacté et à  sa demande nous sommes heureux de publier son texte (Cf Gender : un directeur diocésain réplique ). A Avignon, Thierry Aillet signe, en effet, un éditorial musclé. L'exaspération de l'éducateur est perceptible.  Il évoque le  crépuscule des civilisations  et des faits selon lui   nauséabonds. Analysant les signes des temps et parmi eux la question du gender, il écrit  C'est le monde à l'envers pour ne pas dire l'homme à l'envers  et précise à propos de l'affaire qui nous intéresse  En qualité de Directeur Diocésain de l'Enseignement Catholique, mon devoir est d'appeler à une véritable résistance contre cette volonté perverse d'un ministère de l'Education nationale  d'imposer à nos élèves l'étalage d'une véritable antimorale, de faire table rase de la morale naturelle, d'absolutiser ce qui n'est que perception, de modéliser toutes les déviances et d'interdire de penser autrement par un contrôle absolu des consciences et des cœurs. 

Pour le Directeur de l'enseignement catholique du diocèse d'Avignon cette réforme des programmes de SVT est à examiner dans un ensemble plus grand : un  endoctrinement idéologique  qui aurait pour but de confisquer la première responsabilité des parents, celle  de dire et témoigner que  la vraie sexualité est langage du cœur, qu'elle se maîtrise, qu'elle respecte le ou la bien aimé(e), qu'elle est source de plaisir et de joie, qu'elle donne la vie. A ce propos, Michel Boyancé, Doyen de la Faculté libre de philosophie et de psychologie comparée, note que la vision du plaisir présentée selon les programmes du BO est strictement neuronale et matérialiste.

Convoquant une autre sagesse, – celle des poètes – Hélène Bodenez rappelle quant à elle le poids de la tradition des lettres et l'évidence qu'elles révèrent et qu'elles chantent :  Sans l'homme et la femme, que resterait-il donc de la littérature, que resterait-il de la vie stylisée, transfigurée, miroir de la vie telle qu'elle est allée, telle qu'elle va, et telle qu'elle ira ? Ne célèbre-t-elle pas à chaque page de livre ou de recueil une vérité centrale, universelle d'humanité ? 

 L'idéologie  rampante , toujours selon Thierry Aillet,  après avoir anesthésié  toute une civilisation, après avoir stigmatisé ou présenté comme réactionnaires et terroristes toutes les voix qui s'opposaient à cette pensée zéro, a fini par les bâillonner voire les exclure du système (le professeur Isnard en est un exemple brûlant d'actualité)  et vous vous retrouvez dans un régime totalitaire plus insidieux encore que d'autres car cet ennemi-là  est invisible. .

L'état des lieux est donc inquiétant. L'inscription de la théorie du Gender ne semble en fait qu'un pas supplémentaire dans l'escalade de la désinformation sur la vérité de l'homme dans le but d'une reconstruction d'une humanité affranchie de toute les lois, y compris celle de la nature. C'est le désir de puissance d'un individualisme libertaire qui est ici en cause. Détruire l'homme pour le reconstruire selon la vision nietzschéenne, et à grands renforts de concepts vides, développés et enseignés dans des départements universitaires coupés du réel.

Comment se fait-il alors qu'aucune action n'ait été entreprise sur le plan national ?

D'après nos sources, il semblerait que la direction nationale de l'enseignement catholique se soit saisie du sujet et prépare une mallette pédagogique à destination des professeurs. Une possible action en justice contre le ministère de l'Education nationale afin de faire valoir que ces modifications des programmes constituent une ingérence grave car elles nient les principes et les valeurs de l'enseignement catholique pourrait également être envisagée. Nous n'avons, pour l'heure, pas eu confirmation de cette information mais nous espérons l'avoir très prochainement. Affaire à suivre donc... (voir interview de Claude Berruer, adjoint du Secrétaire général de l'enseignement catholique, sur notre site).

 

A lire sur ce sujet :

 

Pour mieux comprendre les enjeux qui se cachent derrière les manipulations du féminin et du masculin et la négation du donné de nature qui s'y rapporte, lire Le règne de Narcisse, Les enjeux du déni de la différence sexuelle de Tony Anatrella(Paris, Presses de la Renaissance, 2005, pour un exposé de la théorie du genre, voir pp. 107-123).

 

 

 

 

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