Le Haut-Karabagh : un peu d’ethnogenèse des peuples

Source [Marion Duvauchel] La guerre d’extermination dans le Haut-Karabagh a fait l’objet d’analyse détaillée, mais qui s’appuie essentiellement sur l’histoire contemporaine, en ignorant l’histoire ancienne.

Un article de synthèse du livre de Marion Duvauchel La Chrétienté disparue du Caucase, éditions les Acteurs du savoir

 

Pour comprendre l’ethnogenèse complexe de cette région du Caucase, on se saurait ignorer l’existence d’une ethnie albanienne, qui a eu assez de singularité pour qu’il existe, jusqu’au VIIIème siècle, un royaume albanien. L’ancienneté de cette population est attestée par Strabon d’abord, (XI, 3 – XI, 4), par l'auteur albanien Kalankaytuk (VII-VIIIème siècle) qui distingue les Albaniens des Arméniens et des autres ethnies ; l’historien Jean Gustave Droysen les mentionne parmi les tribus du Caucase qui vont se joindre aux armées macédoniennes pendant l’interminable conquête d’Alexandre. Sans s’y ordonner totalement, l’histoire de l’Albanie est largement tributaire de celle des deux États voisins, l’Arménie et la Géorgie, et de l’historiographie arménienne.

L’unité territoriale et étatique est observable du IIème siècle avant J.-C. au VIIIème siècle ; du IXème au XIVème siècle dans les unités politiques et administratives de l'Artsakh et de Siunik (gouvernées par Saaka-Sevadi, Senekerim, Hasan Djalali), et à partir du XVème dans les mélikat qui se forment au Karabakh. Du IVème au VIIIème siècle la structure politique de l'Albanie est celle d'un État féodal centralisé, dirigé selon les principes de la vassalité par les rois albaniens arsacides (des parthes), ensuite par les grands princes mihranides qui leur succèdent. Après l'abolition de la royauté, l'institution des gouverneurs marzpan, instaurée dans le pays par les Sassanides qui voulaient contrôler le passage du Caucase, fut de courte durée (de 463 à 488 et de 510 à 629).

Lorsque au IVème siècle, le christianisme devint la religion officielle de l'Empire romain, la conversion du Caucase parut aux souverains sassanides un paradoxe insupportable, une menace et un affront à quoi il fallait absolument mettre fin. Le christianisme leur apparut comme une sorte d'anomalie, et surtout une avancée de la romanité dans une sphère d'influence iranienne. En 387, l'Empire romain et l'Empire sassanide concluent un traité de paix, qui leur attribue à chacun une partie de l'Arménie. Dans ce cadre, l'Artsakh et l'Utik sont intégrés à l’Aghbanie alliée des Sassanides. En parallèle, la région voit le christianisme s'y épanouir sous l'action de l'Église arménienne.

Après le partage de l'Arménie entre Byzance et la Perse, l’Artsakh, Utik et l’Aghvank furent intégrées à l’empire perse qui nomma cette province Arran. Les princes arméniens d'Arranshahik d'Artsakh, qui avaient toujours cherché une plus grande autonomie du roi arménien, surent tirer profit de cette situation et s’attribuèrent le titre de « roi d'Aghvank ». A compter du VIIème siècle, le terme Aghvank » perd sa signification ethnique et politique ne fait plus que désigner un des diocèses de l'église apostolique arménienne, comme catholicossat d'Aghvank. Elle ne servit plus qu’à désigner une limite géographique abstraite pour ce qui était sous la domination perse la satrapie arménienne.

Au cours de la coûteuse défaite d’Avarayr les forces alliées des rois arméniens, albaniens et ibériens tombèrent aux mains de l'armée de Sassanide. Les survivants de la noblesse se réfugièrent dans les régions montagneuses de l'Albanie, en particulier à Artsakh, qui devint un centre de résistance à l’Iran Sassanide, déplaçant ainsi le centre religieux de l’État albanien.

La fin du Vème siècle en marque la fin. Le nouveau roi perse Chosroês (Anourchiravan) va modifier la configuration du Caucase, au moins administrativement : l’Albanie, l’Arménie et la Géorgie furent considérées comme une seule unité, constituant la Province du Caucase (l’Arminiya future). L’histoire de l’Albanie ne se dissocie désormais plus qu’à grand-peine d’une histoire générale du Caucase sous double influence byzantine et sassanide. L’empereur Maurice conclut avec le roi Chosroês II (590-628) une paix avantageuse qui laisse l’Arménie et une partie de l’Ibérie aux mains des Byzantins tandis que l’Albanie retourne sous l’orbite perse. L’assassinat de Maurice mit fin à cette entente.

Au milieu du VIIème siècle, sous le califat de Othman, les Arabes envahirent le territoire albanais et le Caucase oriental et s'emparèrent de Paythakaran (Baylaqān), Pʿartaw (Barḏaʿa), Shakashēn, Kabala (Kaphak), Šervāna et Čor (Darband); Aran devait être réuni avec l'Arménie sous un seul gouverneur.

C’est une page qu’on peut tenir pour glorieuse que celle de la dynastie des mihranides. Javanshir est le second fils de Varaz-Grégoire, prince de Gardam de la dynastie mihranide, et d'une princesse nommée Goridouxt, sans doute issue de la famille royale d'Ibérie. Varaz-Grégoire avait été le premier prince gardmanien à s'imposer sur toute l'Aghbanie après son « baptême » (ou son ralliement religieux) en 628 par le Catholicos Viroï. Vers 636-638 Javanshir succède à son père au détriment de son frère aîné Varaz-Peroz et doit lutter contre l'invasion musulmane du Calife Umar. En 636, il conduit une armée aghbanienne avec les princes arméniens qui prend part à la bataille d'al-Qadisiyya  entre les armées perses et arabes. Après la défaite sassanide de 642, le prince conclut une alliance avec l'empereur byzantin. Face à la menace de l'invasion arabe au sud et de l'offensive khazare  au nord, Javanshir se résigne à reconnaître l'autorité du Calife à partir de 654.

En 680, invité à la cour d’Abhganie, à Partav, le poète arménien Davtak Kertog assiste à son assassinat et rédige à cette occasion une élégie dont la version azerie est encore chantée aujourd’hui aux offices des morts azéris en même temps que des chants religieux musulmans et où certains ont vu  l'influence de l’hymne Âmes consacrées du catholicos Komitas d’Aghdsk. Les héritiers du prince se verront privés de sa succession en faveur de Varaz-Trdat, prince d'Aghbanie, de 680 à 705, l'un des fils de son frère aîné Varaz-Peroz.

Les frontières du territoire albanien vont alors fluctuer: les Albaniens vont désormais se concentrer dans une région qu’ils appellent Artsakh et que les Arméniens appellent le Karabakh : c’est le chant du cygne de la conscience albanienne entre le IXème et le XIIIème siècle dans une ultime tentative de faire renaître là le royaume albanien. Dans l'épigraphie de la cathédrale de Gandasar datée du XIIIème siècle, il est inscrit qu'elle fut construite par le « roi albanien », Hasan-Djalali, sur l'insistance du « patriarche albanien pour les Albaniens ».

L'historien Hethoum témoigne que l’alphabet albanien était encore en usage au XIIIème siècle. À partir du XIIème siècle, la littérature albanienne est rédigée en arménien. C’est le moment où s'impose pour les chrétiens albaniens la nécessité de rédiger leurs propres textes juridiques. Le Code de Mekhitar Goch (recueil de lois) témoigne de cet essor de la conscience albanienne mais l’orbis litteratum albanienne  est clairement tributaire de celle de l’Arménie.

La thèse selon laquelle il n'y a pas eu d'ethnie albanienne a été défendue par nombre de chercheurs arméniens : B. Ulubabjan, A.S. Mnacakanjan, B. Arutjunan, S. Arutjunov, A. Akopjan, K.N. Juzbašjan, P.M. Muradjan. R. Hewsen, plus nuancé, soutient qu'il s'agissait d'une population autochtone d'origine caucasienne et qu’il n’y  a pas de peuple albanien en tant que tel, mais une fédération de tribus caucasiennes dont les Albaniens constituaient le noyau central, et qui comme souvent se sont imposés. On pourrait arguer que c’est l’acte de naissance de bien des « nations », états ou royaumes. Une tribu s’impose, unifie les autres tribus et constitue une sorte de première « unité nationale ». Les Parthes se sont imposés selon le même schème. On voit mal pourquoi on nierait aux Albaniens ce qu’on accorde aux Parthes, ou aux Kouchans, ou même aux Francs.

Les chercheurs divisent la population de l'Albanie en deux: celle qui vit sur la rive droite de la Koura, constituée par un ethnos arménien local qui occupe, au Vème siècle, une place prépondérante dans la formation de la province gouvernée par le marzpan d'Albanie et qui pour des raisons non élucidées, se serait tenue pour albanienne ; c’est ce groupe qui serait responsable de l’arménisation des Albaniens de la rive gauche du fleuve. L’Albanie serait née en quelque sorte au Vème siècle avec la création d'une nouvelle division administrative -  l'institution du marzpan albanien.

Les auteurs arméniens anciens Korioun, Eghiché, Lazare de Baïbert, Moïse de Khorène, Sebeos, Ghevond, Fauste de Byzance, ainsi que l'auteur albanien Moïse de Kalankatuk, ne mentionnent pas l'existence d'Arméniens sur le territoire des rives droite et gauche de la Koura et ne parlent que des Albaniens.

En 428 les Sassanides ont institué trois marzpan au Caucase : celui d'« Arménie », celui d'« Albanie » et celui d'« Ibérie ». L'abolition de la souveraineté arménienne a t-elle entraîné l'application d'un même statut politique à l’Albanie ? Korioun, Eghiché, Pharbe, Kalankatuk et Kanon-Kirk mentionnent l'existence d'un pouvoir royal en Albanie jusqu'en 506, y compris donc à l'époque où seule l'Arménie fut dotée d'un marzpan. Toujours selon les défenseurs de cette thèse, des régions peuplées d'Arméniens - l'Utik et l'Artsakh, régions situées sur la rive droite de la Koura -, entreraient également sous la juridiction du marzpan albanien.

Historiquement, cela n’est pas sans fondement. Une partie de l'Aghbanie avait été en effet conquise par les rois arméniens qui ont dominé sur la rive droite de Kura (des provinces d'Artsakh et d'Uti). Quand le royaume arménien fut divisé entre Persans et Romains, l’Aghbania, en tant qu'allié des Perses sassanides a regagné toute la rive droite du fleuve Kura jusqu'au fleuve Araxes, y compris Artsakh. Le « royaume d’Aghvank » a été décrit comme une confédération tribale de différents groupes Caucasiens, de Scythes et groupes arméniens. Mais cette incohérence ethnique a contribué à établir ou renforcer un pouvoir unifiant l'influence ecclésiastique et culturelle de l'Arménie voisine. Les dynasties des régions limitrophes arméniennes d'Artsakh et d'Utik permirent de prolonger cette influence arménienne à l’est à travers le fleuve Kura jusqu’à  subordonner le royaume d'Aghvank puis l’assimiler, non sans tensions, politiquement et culturellement. Les deux rives du fleuve ont pu construire la différenciation et organiser les revendications liées à la conscience nationale et ethnique.

Laquelle de ces deux ethnies albanienne ou arménienne a occupé une position dominante imposant les traits culturels de son groupe? Y a t-il eu adoption de la conscience albanienne par la population arménienne de la rive droite de la Koura suivi inévitablement d’un effacement des traits albaniens? Or, la conscience identitaire se maintient encore au XIIème siècle : quand le catholicos albanien, Esaïe Hasan-Djalali écrivit l'histoire de la population chrétienne du Karabagh, Brève histoire des Albaniens, il s'y considère lui-même comme albanien.

Qu'est-il advenu de l’ethnos albanien et donc de l’Albanie?

À l'époque de l'invasion arabe, une grande partie des Albaniens vivant dans les plaines de la Koura et de l'Araxe a été islamisée, ce qui a facilité leur assimilation aux peuples de langue turque qui se fixèrent ensuite en grand nombre dans ces régions. En Artsakh (au Karabagh) vivaient parmi les Albaniens, depuis des temps très anciens, d'importants groupes de tribus de langue turque : Barsils, Savirs, Huns, Khazars, tribus qui se sont progressivement grossies aidés en cela par l’histoire des dominations successives.

L'autre partie, qui vivait dans les régions montagneuses du nord-ouest et du sud-ouest de l'Albanie - les Arabes n'ayant pas pénétré dans les montagnes - est restée chrétienne de tendance monophysite - ce qui par la suite l'a rapprochée de l'Église arménienne - ou bien diophysite - ce qui l'a rapprochée de l'Église géorgienne. Comme le remarque Zaza Aleksidzé, s'il avait existé une troisième tendance dans le christianisme, les Albaniens l'auraient certainement adoptée afin de conserver leur originalité, et cette tendance se serait peut-être conservée jusqu'à maintenant. Arakel de Tabriz, historien arménien qui raconte les souffrances de l’Arménie sous Chah-Abbas appelle le Karabagh « le pays des Albaniens-Aghvans ». La conscience nationale albanienne ne disparaît pas complétement mais elle est désormais liée à cette petite région morcelée en sept principautés (mélikas) : Khatchen, Goulistan, Jraberd, Varanda, Dizak, Tzar et Gardam. Elles trouvent leur origine dans la principauté de Khatchen, un ancien état féodal arménien qui occupe la région à partir du xe siècle.

Ainsi, dans le processus d'intégration interethnique entre Arméniens et Albaniens et entre Géorgiens et Albaniens, s'est produite une double assimilation: une arménisation d'une partie des Albaniens, une géorgianisation de l'autre.

Puis vint la domination des Turcs.

Aux IXème et Xème siècles, l'Artsakh/Karabagh, qui faisait désormais géographiquement partie de l'Azerbaïdjan, est intégré dans l'Empire sadjide ; au Xème siècle, dans l'Empire salaride ; aux XIème et XIIème siècles dans l'Empire des Seddadides ; aux XII et XIIIème siècles, le Karabagh est une partie de l'État des Atabek Ildenizides; dans la deuxième moitié du XIIIème siècle et au début du XIVème siècle, à l'époque de l'État mongol de Hulagu, dans l'État des Djalairides; au XVème siècle, dans l'État des Karakoyunlu (Horde du Mouton noir).

Aux XVIème et XVIIème siècles, le Karabagh, est incorporé à l'État azéri au sens politique du terme - des Séfévides, état qui, à son tour, se divise en quatre circonscriptions : Sirvan, Karabagh (ou Gandja), Cuhur-saad (ou Erevan) et Azéri (ou de Tabriz). C'est la famille Ziad-oglu des Qadjars qui, du XVIème au XIXème siècle, gouverne le Karabagh. Dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, le Karabagh entre dans la composition du khanat du Karabagh rattaché par deux fois à la Russie, en 1805, puis en 1813.

Lorsque les Russes vont tourner les yeux vers le Caucase et l’Asie centrale, l’histoire albanienne ou ce qu’il en reste va désormais s’ordonner à leur histoire. Car le peuple des Albaniens, contrairement à son grand voisin arménien n’a pas de diaspora. Aux XVIIIème et XIXème siècles,  les rois (melik) du Karabagh, dans une lettre adressée à Potemkin, se qualifient de « descendants des rois arsacides et albaniens ». Sur l'insistance des méliks du Karabagh, Suvorov et Potemkine envisageaient dans leurs projets la fondation d'un royaume d'Albanie. Ils exhumèrent le projet du prince Potemkin de Tauride pour, profitant des troubles en Perse, prendre Bakou et Derbent, annexer Gilian et appeler le territoire conquis l'Albanie, futur apanage du grand prince Konstantin Pavlovic. ». Dans une lettre de Potemkin on peut lire : « Fonder le pays des Arméniens et aussi cette partie qui devrait former l'Albanie, ainsi que le royaume des descendants de Hirakli ».

L'Église albanienne, apostolique et autocéphale, est une des plus anciennes du Caucase. Ses origines sont, comme celles de l'Église géorgienne, directement liées à l'Église de Jérusalem et à son patriarcat, tandis que l'Église arménienne remonte aux Églises de l'Osroène et de la Cappadoce hellénistiques. Transférée à Gandzasar (en Artsakh) elle s'est peu à peu grégorianisée. Se sont produites alors des modifications de la culture albanienne, une acculturation et une évolution de la langue, d’abord vers le bilinguisme albanien et arménien, puis vers une assimilation linguistique arménienne. L'épigraphie en arménien ne commence en Artsakh qu'au XIIème siècle alors que les composantes de la culture albanienne traditionnelle se maintiennent encore : les sujets religieux sur les khatchkar (croix-pierres, IXème- XIVème siècles), les principes architecturaux de la cathédrale de Hosavank-Hatavank (XIIème siècle), qui n'ont pas d'équivalent dans l'architecture arménienne, le petit calendrier chronologique (en Artsakh). Aux XVIIIème et XIXème siècles apparaît une conscience ethnique double, puis une conscience nationale arménienne concomitante à la disparition de la conscience albanienne. Elle se maintient encore au XVIIIème siècle quand le catholicos albanien Esaïe Hasan-Djalali compose la Brève histoire des Albaniens. La suppression de l'Église autocéphale albanienne, en 1836, achève le processus.

A partir de là tous les Albaniens de l'Artsakh se considèrent comme Arméniens, bien que certains d'entre eux se souviennent de leurs racines albaniennes. L'unité confessionnelle de l'Albanie, dont l'Église autocéphale et le patriarcat albanien étaient les piliers, a duré du IVème au XIXème siècle. En 1836, l'indépendance de l'Église albanienne fut abrogée. La culture du site de Jalojlutepé et les sépultures témoignent de l'unité de cette culture et de cette identité mais l’Azerbaïdjan musulman finit par éteindre tout développement du christianisme, et jusqu’à sa mémoire.

Dés le VIIème siècle, les invasions arabes mirent à mal et réduisirent peu à peu, cette chrétienté qui abjura la foi chrétienne à cause deschangements incessants de domination sur eux. Ne témoignent plus à l’heure actuelle de son existence que deux lieux de culte restaurés au nord-est de l’Azerbaïdjan : l’un à Kish, devenu un musée, et l’autre à Nij, une très vieille église où la liturgie est encore célébrée par une poignée de chrétiens orthodoxes et où sont enterrées les deux personnalités oudis qui ont redonné à la langue oudi (ancêtre de l’albanien) un peu de prestige. Gottfried Schramm signale qu’il y aurait encore aujourd’hui, dans le Caucase, trois villages d’Albaniens /Aghbaniens/aluank restés chrétiens et qui auraient gardé l’usage oral de la langue de l’antique royaume. Le dictionnaire de l’Orient chrétien d’Assfald et Krüger les ignore totalement.

En 2017, après une période de massacres (dont celui de la ville de Chouchi) le Karabagh  change de nom et devient la « République d'Artsakh »  reprenant le nom ancien qui relève autant de l’histoire albanienne que de celle de l’Arménie.

 L’oudi est l’ancêtre de la langue albanienne. Les Oudis constituaient encore l’écrasante majorité de la population du bourg de Nidj, au nord de L’Azerbaïdjan, (4000 habitants sur 6000). Contrairement à leurs voisins, probablement des descendants de Caucaso-Albanais ayant renié leur langue et leur foi au Moyen âge sous la pression musulmane, ils sont restés chrétiens. Mais, comme ce fut le cas à la fin du premier millénaire pour leurs ancêtres aghbaniens, les Oudis se sont divisés entre l’Église orthodoxe géorgienne et l’Église apostolique arménienne. Une enquête indique que si les Oudis d’Oktomberi sont rattachés au catholicat orthodoxe de Géorgie, ceux de Nidj dépendent du catholicat arménien d’Etchmiadzine. Ce rattachement des Aluank de Nidj à l’Église apostolique arménienne est très ancien puisqu’il remonte à la perte de l’autocéphalie du catholicossat d’Albanie vers l’an 705. On sait qu’il devint par la suite un simple diocèse arménien et fut transféré vers 1400 à Gandzasar et privé de son titre de catholicossat par le tsar Nicolas 1er en 1836 qui ne fait qu’entériner une situation de fait. Depuis des siècles, le diocèse n’avait plus d’albanien que le nom. D’après cette enquête, pendant des générations, les prêtres arméniens en charge des Oudis de Nij ont arménisé les noms de familles de leurs fidèles en tenant les registres de baptêmes. Pendant les hostilités entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan à propos du Haut-Karabagh, après la chute de l’Union soviétique, les Oudis ont été exposés à une hostilité certaine de la part des voisins musulmans, animosité qui retomba quand ils reprirent leurs noms de famille traditionnels (albaniens).

Ce sont des Oudis qui semblent avoir indiqué aux linguistes qui les ont interrogés qu’ils souhaitaient se séparer de l’église arménienne et restaurer l’église albanienne. S’ils veulent mener ce projet à bout, il leur faudra embrasser la foi orthodoxe au sein du patriarcat de Moscou et que celui-ci crée un doyenné de langue albanienne (oudi) pour les habitants de Nij et de la diaspora russe.

 Aujourd’hui, fidèle à elle-même, la Turquie, continue sa politique d’éradication des chrétiens.

Peut-être faudrait-il expliquer aux Azéris qu’une partie d’entre eux vient de cette souche albanienne, et qu’ils sont une ancienne population chrétienne islamisée de force.