Dans le combat politique d’aujourd’hui, les valeurs sont mises en avant et revendiquées par le monde catholique essentiellement. Certes, le système politico-médiatique égrène jour après jour les « valeurs de la République », soit la liberté, l’égalité et la fraternité, qu’il transforme par un tour de passe-passe en quatre principes directeurs de toute pensée et de toute action politique et sociale : l’anti-racisme, l’anti-homophobie, l’anti-sexisme et l’anti-islamophobie. Ces « valeurs républicaines », parce qu’elles sont dogmatiques, n’ont pas besoin d’explication : elles doivent s’imposer naturellement à tous, sans discussion aucune. Cela dit, nombreux sont ceux qui perçoivent que ces valeurs n’ont de valeur que le nom. Dans un tel contexte, la voix catholique est essentielle, car les valeurs qu’elle affirme ne sont pas conjoncturelles : elles sont « intemporelles » et sont une condition nécessaire à la promotion du bien commun.

Or, dans la perspective des élections régionales de décembre, ou présidentielles et législatives de 2017, le monde catholique ne peut que constater que les candidats catholiques potentiels, au demeurant peu nombreux, offrent, sur le terrain des valeurs, un spectacle inquiétant.

Sur la défense de la vie, par exemple, les positions des uns et des autres sont ambiguës ou contradictoires. Examinons la position de quelques personnalités politiques sur ce sujet. Valérie Pécresse, qui faisait un discours vigoureux, à la fin de l’année 2013, lors d’une manifestation versaillaise contre la loi Taubira dite du « mariage pour tous », déclare, depuis qu’elle est candidate à la présidence de la région Ile-de-France, avoir changé d’avis sur cette loi, qui ne peut désormais plus être retouchée. Si Paris valait une messe, la région vaut donc un changement de civilisation. De son côté, François Fillon, candidat probable à la présidentielle, écrit dans son livre Faire (Albin Michel) : « Je crois au caractère sacré de la vie que m’a enseigné le catholicisme, mais je considère l’interruption volontaire de grossesse comme un droit fondamental. » Laurent Wauquiez, lors d’un meeting lyonnais sur la famille, il y a quelques jours, refuse carrément de siéger à côté du candidat du Front national, qui défend la vie de façon claire, mais dit en fin de réunion le plus grand bien des socialistes, avec qui l’on peut discuter. Nicolas Sarkozy veut réécrire la loi Taubira pour la transformer en… la loi Taubira. De son côté, la jeune Marion Maréchal, qui développe un discours sans ambiguïté sur la défense de la vie, ne peut que constater que le lobby homosexuel semble bien actif dans les instances dirigeantes du Front national. Finalement, seuls le PCD ou quelques candidats potentiels émanant de la société civile ont un langage clair sur la défense de la vie, de la conception à la mort naturelle, mais « pèsent » assez peu, pour le moment, par rapport aux grandes formations politiques.

Ces quelques exemples tendent à démontrer la grande confusion se dégageant des déclarations des candidats catholiques sur le problème des valeurs. Le résultat est désastreux : d’ores et déjà, certains acteurs catholiques de la société civile s’éloignent progressivement du monde de la résistance, et ont tendance à baisser les bras, pour « passer à autre chose ».

Notre devoir est pourtant de ne pas abandonner un combat… qui n’a pas encore commencé : nous devrons forcer les candidats de 2017 à se prononcer clairement sur les valeurs constitutives de la France, et accepter de voter en notre âme et conscience pour leurs défenseurs, sans compromission et petits calculs. De cette attitude dépendra le redressement de la France, ou son écroulement.

 

François Billot de Lochner