Vague d’avortements au Royaume-Uni

Source [genethique.org] « S’il n’y avait pas de limite de deux enfants, j’aurais gardé le bébé, mais je n’avais pas les moyens de le nourrir et de l’habiller … J’ai vraiment eu du mal à accepter ma décision », témoigne une mère qui a avorté de son troisième enfant en mars dernier. Le British Pregnancy Advisory Service (BPAS) alerte sur cette controversée « limite des deux enfants ».

Elle a été introduite le 6 avril 2017, pour économiser chaque année un milliard de livres à l’aide sociale britannique. En effet, les familles aux revenus les plus faibles ont droit à un crédit d’impôt versé pour chacun des enfants. Depuis la réforme de 2017, elle est limitée aux deux premiers enfants, les troisièmes enfants et suivants n’y ont plus droit. Pour les familles, « la perte de prestations s’élève à 2 900 livres sterling par enfant et par an ». Selon les statistiques officielles, 243 000 familles ont été impactées entre avril 2017 et avril 2020.

Le BPAS a mené une enquête auprès de 240 femmes ayant deux enfants ou plus et ayant mis fin à une grossesse depuis le mois de mars. 59 % d’entre elles connaissaient déjà la restriction. Et parmi celles qui ont droit à la prestation, 57 % ont déclaré que cette politique était « importante dans leur décision de poursuivre ou non la grossesse ». Plusieurs femmes ont reconnu que cette suppression des aides « leur a en fait retiré le choix de la grossesse, les forçant à mettre fin à une grossesse qu’elles auraient voulu garder dans une situation financière moins difficile ».

Selon le BPAS, les preuves que cette politique des deux enfants affecte le taux de grossesse étaient déjà tangibles avant la pandémie, avec une forte augmentation des avortements de troisièmes grossesses et plus. Entre 2016 et 2019, les avortements de mères ayant déjà au moins deux enfants ont augmenté de 16,4 % alors qu’ils ont augmenté de 10,3 % et 7 % chez les mères sans enfants et avec un seul enfant.

« La limite de deux enfants est une politique cruelle et inutile qui attend des familles qu’elles fassent des choix impossibles. (…) En pleine pandémie et crise de l’emploi, il est particulièrement cruel de poursuivre cette politique punitive », a déclaré Jonathan Reynolds, secrétaire au Service Social. Le BPAS réclame l’abandon de cette limite à deux enfants : « Si le gouvernement ne veut pas que davantage de femmes se sentent acculées à un dilemme entre leurs difficultés financières et l’interruption d’une grossesse par ailleurs désirée, il doit révoquer d’urgence la limite de deux enfants », a ajouté Katherine O’Brien, directrice de campagne au BPAS.

Source : Guardian, Patrick Butler (03/12/2020)