Crédit photo : François-Régis Salefran

Comment a-t-on pu  laisser publier des chiffres aussi sous-estimés pour la manifestation du 19 janvier contre l’insémination anonyme des femmes seules – ou lesbiennes (dite en sabir pseudo-médical la PMA) ? 26 000 selon le cabinet Occurrence qui montre ainsi ce qu’il est : une officine de propagande et rien de plus, 41 000 selon la préfecture de police  – chiffre qui a peu de chances d’être surestimé…

J’y étais,  et les circonstances m’ont permis de voir passer presque tout le cortège. Il y avait des centaines de milliers de personnes et non pas des dizaines ; l’avenue de l’Opéra a été remplie en entier. Ne pas annoncer leur propre chiffre, fût-il approximatif, a été de la part des organisateurs une erreur tactique grave.

Une autre faute, à mon sens, est de ne pas avoir mis en cause personnellement le président Macron qui est entièrement responsable du projet de loi contesté. Il lui suffirait de l’abandonner pour qu’on n’en parle plus. Non seulement il est proche  des milieux économiques qui espèrent une marchandisation de la reproduction  – ce à quoi ouvrira la porte la PMA, mais encore il est notoirement soutenu par les réseaux LGB , nationaux et internationaux.  Les uns et les autres ont facilité son élection ; il leur devait de renvoyer l’ascenseur.

Au lieu de cela, une manifestation gentillette, un peu folklorique : la Bretagne contre la PMA, la Lorraine contre  PMA  ; ne manquaient que les costumes folkloriques.

Pourquoi cette tiédeur à aller au fond de la question politique, dans une affaire qui, sur le plan de la civilisation et des droits de l’enfant,  est très grave ? Ne pas oser nommer son adversaire, c’est déjà lui faire allégeance et donc se poser en perdant. Alors que, autant qu’il m’en souvienne, lors des manifestations contre la loi Taubira, François Hollande avait été copieusement pris à partie. Pourquoi cette différence ? Parce que Macron est plus chic ? Chic et toc, oui. La manifestation était en majorité catholique – on se demande pourquoi, puisqu’il s’agit d’un  enjeu anthropologique, comme l’ont  bien compris José Bové ou Sylviane Agacinski. Faut-il mettre en relation cette timidité avec le scandaleux sondage selon lequel 42 % des catholiques pratiquants auraient voté pour Macron aux  européennes ? On peut le craindre. Comment se conjuguent dans ce secteur de l’opinion l’égoïsme fiscal de certains, bénéficiaires de la suppression de l’ISF mobilière, et la naïveté des autres ? Va savoir.

En ménageant le chef de l’Etat, les manifestants  oubliaient que  les hommes politiques ne sont sensibles qu’à ce qui peut affecter leur cote de popularité ou leurs résultats électoraux ; le reste, ils s’en  balancent. Les manifs de 2012-2013  n’ont certes pas empêché l’adoption de la loi Taubira (il s’en est fallu de très peu au Sénat) mais elles ont sauvé l’honneur de la France, seul grand pays à avoir tenté quelque chose contre le vent de folie qui, en cette matière comme en d’autres, emporte tout l’Occident – face au reste du monde qui nous prend pour des cinglés.  Elles ont aussi contribué à éroder le crédit de Hollande au point qu’il ne puisse pas se représenter. Il faudrait qu’il en soit de même avec Macron. Nous en sommes encore loin.

Une consolation cependant : une partie importante de ces manifestants étaient des jeunes.

Roland HUREAUX

Crédit photo : François-Régis Salefran