Taubira, bon débarras !

Le concert de louanges, accompagné des pleurs de certains, à gauche, les critiques pleines de respect et de retenue au sein de la prétendue « droite » qui ont salué l’heureux départ de Mme Taubira sont révélateurs de l’état du pays, en urgence dépassée. 

La connivence des politiques et des journalistes au sein du microcosme a rendu hommage à une politicienne à l’ego démesuré et au talent oratoire capable de cacher les idées les plus creuses. La fascination pour le vide est la marque de ceux qui nous dirigent dans le monde politique comme dans le monde culturel. Pas étonnant qu’on ait songé à elle pour la Culture. Une idéologue et sociologue y aurait eu sa place. Décadence assurée, mais avec des citations appropriées !

Des politiciens calculateurs et irresponsables ont trouvé ingénieux voire légitime de placer à la tête du Ministère de la Justice celle qui fut une indépendantiste guyanaise jusque dans la semi-clandestinité, et qui affirmait l’être encore en 2010 au moins en pratique. Félix Eboué, un autre guyanais avait été le premier Gouverneur à rallier la France Libre. On mesure le recul des valeurs de la République chez ceux qui nous en rebattent les oreilles. Comment le gardien des Lois peut-il être un de ceux qui veulent s’en libérer ?

Le nom de l’ex-Garde des Sceaux est associé à deux lois. La première proclame que la traite négrière est un crime contre l’Humanité qui doit être enseigné et permet des actions judiciaires notamment par le biais d’associations contre ceux qui le contesteraient. C’est une de ces lois mémorielles qui limitent la liberté des historiens et portent atteinte à la liberté d’expression. Plutôt que de vouloir l’abroger, mission impossible, j’avais préféré faire voter un amendement qui évoquait le « rôle positif de la France outre-mer » et « la place éminente » des troupes issues de l’outre-mer. Ce texte voté à quatre reprises a été censuré par le Conseil Constitutionnel. La mission parlementaire chargée des lois mémorielles a conclu qu’elles n’avaient pas de légitimité, mais celle de Mme Taubira a néanmoins subsisté. Deux poids, deux mesures : il est plus difficile de mettre en valeur le passé de notre pays que de l’enfoncer dans une repentance sans équilibre.

La seconde loi vient d’être à nouveau évoquée par Sarkozy qui, finalement, n’y touchera pas. Au nom d’une conception aberrante de l’égalité entre des personnes qui sont dans une situation différente et d’une sociologie idéologique et superficielle qui nie la complémentarité anthropologiques entre les sexes, une loi autorisant le mariage unisexe a été imposée brutalement malgré l’opposition résolue d’une partie importante de la population. Ce coup de force législatif s’inscrit dans un mouvement présent dans de nombreux pays occidentaux où la complicité entre le lobby gay et les médias domine l’opinion publique et présente comme un progrès ce qui est une contradiction anthropologique. On remarquera qu’une censure et qu’un terrorisme intellectuel règnent dans ce domaine comme dans le précédent. Pour avoir énoncé une vérité historique incontestable sur la déportation homosexuelle, j’ai dû affronter avec succès les tribunaux et avec moins de réussite un parti, l’UMP, dont certains membres saluent Mme Taubira pour des raisons que je crois très personnelles. Récemment encore, une émission de LCI au cours de laquelle un psychologue disait les risques d’un milieu « homoparental » pour les enfants est brusquement devenue introuvable.

Comme on le voit, Mme Taubira n’est pas une amie de la liberté, sauf bien sûr lorsqu’il s’agit d’éviter la prison à des malfaisants. Son opposition idéologique au milieu carcéral l’a amenée à limiter le nombre des lieux d’incarcération alors que la France pour être au niveau des pays voisins devait en construire. Elle l’a conduite à favoriser les libérations anticipées dont plusieurs ont révélé les dangers. Elle lui a inspiré une loi qui étend excessivement jusqu’à des peines de cinq ans la non-détention et supprime les peines-plancher, bref elle a favorisé un laxisme préjudiciable à l’ordre public et à la sécurité des personnes et des biens. En revanche, elle n’a pas hésité à mentir lorsqu’elle a prétendu ne pas être au courant des écoutes que subissait Sarkozy, en brandissant avec impudence un document sur lequel elles étaient pourtant relatées. Pas de liberté pour les adversaires, pas de respect pour la vérité : l’icône se croyait intouchable ! Sa présence au Ministère de la Justice divisait les Français alors que la Justice doit les réunir. Son départ est une bonne nouvelle mais qui n’atténue pas le douloureux sentiment que certains ne prétendent aimer la République que pour ne pas aimer la France, sans que leur carrière en soit entravée le moins du monde. Le fait qu’elle s’en aille parce qu’elle refuse qu’on retire la nationalité française à un bi-national qui fait la guerre à la France sonne comme un aveu !