Sens Commun : le choix de la compromission.

[Source : Édito de Louis d'Arc]

Choisir François Fillon, quand on est Sens commun et que l’on est né de la Manif Pour Tous, a autant de sens que soutenir Bruno Le Maire, quand on est Philippe Brillault  et que l’on a organisé une pétition géante contre le mariage pour tous, déposé auprès du Conseil économique et social .

 

Dans quelle mesure la stratégie  de Sens commun peut-elle porter ses fruits ?
 Nous savons que la probabilité que Fillon gagne est extrêmement faible, et pensons  donc que Sens commun n’anticipe pas sa victoire : il est donc conscient que son ralliement ne changera pas la donne. Ainsi, en cas de défaite de Fillon, qu’y gagnerons-nous ?
 - Les « petits » candidats, comme Jean Frédéric Poisson ou Hervé Mariton, ne bénéficieront pas des voix qui devraient leur revenir : celles des catholiques engagés, défenseurs de la famille et de la vie. Leurs propositions seront donc considérées par les dinosaures du parti comme étant rejetées par leurs électeurs. Ils pourront légitimement, et ce grâce à Sens Commun, estimer que les problématiques familiales et pro vie ne les concernent plus !
 - Si Fillon engrange un nombre de voix honorable, il n’ira en aucun cas voir le vainqueur de l’élection pour lui expliquer qu’il a été plébiscité pour ses propositions pro familles et pro vie, puisqu’il n’a pas de telles convictions. Rappelons-nous, par exemple, ce qu’il écrit dans son livre Faire (Albin Michel) : « Je crois au caractère sacré de la vie que m’a enseigné le catholicisme, mais je considère l’interruption volontaire de grossesse comme un droit fondamental ». Sens commun n’aura servi à rien.
 - Si les votes en faveur de Fillon sont maigrichons, alors Sens commun sera désavoué : il se sera révélé incapable de rassembler ses adhérents et d’orienter leur vote.
 La réalité est que Sens Commun a fait le choix suicidaire de soutenir le candidat le moins clivant, et a émis des propositions tout-à-fait audibles par les centristes que sont Le Maire et Juppé, mais aussi par les candidats les plus conservateurs du parti, Poisson et Mariton. 
 Les décideurs du mouvement  n’ont pas choisi Sarkozy ou Juppé, pour qui il s’agit de vaincre ou mourir, ni NKM ou Le Maire, trop éloignés de leurs convictions (car ils en ont), ni Poisson ou Mariton, qui sont trop clivants et trop petits pour leurs ambitions. 
 Leur  choix leur permet d’être tolérés par le parti, de ne prendre aucun risque, de se faire avaler par la machine parfaitement huilée des Républicains.

Quel que soit le résultat, Sens Commun aura assassiné les seuls candidats axés explicitement sur les valeurs, en aspirant leur électorat tout en permettant aux Républicains de ne plus subir de pression sur les questions les plus importantes à nos yeux, celles qui touchent au fondement de toute société.
 Merci à eux.