Robert Paturel, ancien du RAID: «quand je vois la police qui recule, ça m’énerve»

Source [Sputnik news] Ancien policier d’élite, Robert Paturel observe avec inquiétude les accusations contre la police se multiplier. Racisme, violences policières, formation des agents: il a évoqué toutes les polémiques au micro de Sputnik France. Avec sang-froid.

Vénissieux, soir d’émeute. Des véhicules noirs de la police, initialement envoyés pour une affaire de braquage dans la région lyonnaise, se retrouvent dépêchés dans la cité pour interpeller des émeutiers. Les policiers mettent pied à terre et voient arriver une bande de jeunes. L’un des agents se dirige alors seul vers eux: «faites attention, vous allez vous faire contrôler.» Une brève discussion s’engage. Étonnés, les jeunes ont du mal à comprendre: «mais vous êtes qui?» Et l’agent de répondre: «mais je suis policier». La bande ne veut pas y croire. Pourquoi? «Parce que vous êtes poli», lui disent-ils, avant de repartir tranquillement sans prendre part à l’émeute.

Ce soir-là, ils ont eu affaire à Robert Paturel, négociateur du RAID. Une légende des forces de l’ordre: trente ans dans la police, dont un passage par la Brigade de recherche d’intervention (BRI), avant de rejoindre le RAID comme intervenant et instructeur. Il y a passé deux décennies.

Alors que le débat public vire au pugilat, cet ancien champion de France et d’Europe de boxe veut faire la part des choses. Face aux accusations de racisme et de violence qui ciblent la police, le vétéran écarte tout manichéisme. Si les jeunes individus étaient étonnés, c’est bien que les agents se laissent quelquefois aller. Et notre interlocuteur de plaider pour une exemplarité sans failles:

«On n’est pas obligés de parler sèchement et de hausser le ton, dit-il simplement. Quelle que soit la personne que vous contrôlez, le vouvoiement et la correction s’imposent. Vous n’êtes pas obligé d’être brutal», explique-t-il au micro de Sputnik France.

Expert en technique d’autodéfense, Robert Paturel a été confronté à la violence de forcenés ou de terroristes, comme en 1993, lors de la prise d’otages de Neuilly. Mais pour lui, la violence n’est jamais la solution. Seulement, peut-être, une option maîtrisée.

L’école française? Toutes proportions gardées, les amalgames avec la violence aux États-Unis lui semblent aussi odieux qu’insensés: «ça n’a rien à voir!» s’exclame-t-il, avant de préciser sa pensée: «en France, on ne tire pas sur un mec qui fuit. Sur la légitime défense, c’est très carré aussi.» Le soir de notre entretien, un Afro-Américain ayant volé le taser d'un agent était abattu par la police à Atlanta.

Pas de doute: les systèmes juridiques diffèrent profondément. Et après tout, les chiffres qui reflètent la violence inhérente à la société américaine lui donnent raison: 996 personnes ont été tuées par la police US en 2018, contre 150 officiers de police tués «in the line of duty» (en service) en 2018. La même année dans l’Hexagone, l’IGPN recensait 15 décès dus aux opérations de police, contre 25 agents des forces de l’ordre (11 policiers et 14 gendarmes) morts dans le cadre d’une opération de police. Ce qui inclut autant le sacrifice héroïque du colonel Arnaud Beltrame qu’un accident tragique ayant tué quatre gendarmes.

Dans un tel contexte, le manque de soutien de la hiérarchie à l’égard des agents le contrarie. Mais c’est quand Robert Paturel visionne des images d’agents pris à partie dans les manifestations ou les cités que son sang ne fait qu’un tour: «quand je vois la police qui recule, ça m’énerve!»

Les policiers sont-ils démunis? La nouvelle interdiction faite aux policiers d’user de la technique d’étranglement (ou de «contrôle tête») par Christophe Castaner lui apparaît incompréhensible:

«Ce qui m’a mis en colère, c’est l’interdiction. C’est le moyen le plus doux d’interpeller sans porter de coup! Ça fait 20 ans que l’on pratique des étranglements et ça s’est toujours bien passé. Alors maintenant, un homme en serait mort et on veut tout interdire?»

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