Nouvelle guerre froide : L’Aigle et le Dragon

Source [RT France] Ancien haut fonctionnaire, chercheur en philosophie politique et observateur des relations internationales, Bruno Guigue décrypte les véritables ressorts de la crise sans précédent qui oppose la Chine et les États-Unis

La propagande anti-Pékin déchaînée aux États-Unis a conduit le chef de la diplomatie chinoise à dénoncer « certaines forces politiques américaines qui prennent en otage les relations entre la Chine et les États-Unis et poussent nos deux pays au bord d’une nouvelle Guerre froide ». Une saillie inhabituelle qui intervient peu de temps après la déclaration de Donald Trump dans laquelle il accusait le gouvernement chinois d’avoir commis une « tuerie de masse » en laissant se propager le Covid-19. La critique mutuelle entre Pékin et Washington n’est pas une nouveauté, mais l’innovation sémantique dont témoigne la riposte chinoise n’est pas anodine.

Franchissant un nouveau cap symbolique, cet échange verbal se situe en effet à la rencontre de deux tendances contradictoires.

La première, c’est la radicalisation idéologique de la présidence Trump. Élu pour redresser l’économie en inversant la tendance à la désindustrialisation, le locataire de la Maison Blanche sait que le bilan qu’il va présenter aux électeurs en novembre prochain n’est pas enthousiasmant. Le déficit commercial avec la Chine a diminué en 2019, mais c’est après avoir augmenté au cours des deux années précédentes. Avec la récession économique, le déficit budgétaire atteindra des sommets inégalés. La gestion calamiteuse de la pandémie et ses 100 000 morts seront portés au passif de l’administration actuelle. Bref, Trump est aux abois, et il lui faut impérativement avoir recours à une ficelle aussi vieille que la politique : la désignation d’un bouc-émissaire.
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