Nice. Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.

[source : lesobservateurs.ch] Camus parlait d'or lorsqu'il prédisait le politiquement correct auquel nous sommes confrontés aujourd'hui. L'attentat de Nice vient de nous le démontrer une nouvelle fois. La violence aveugle a frappé, encore. Des dizaines de personnes ont perdu la vie, sont à jamais blessées dans leur chair et dans leur âme. Passé les premiers instants de stupeur, alors que les secours s'affairaient au chevet de celles et ceux pour qui il y avait encore quelque chose à faire, on a assisté à un bal sémantique des plus écœurant. Il fallait toutes affaires cessantes mettre à mal l'hypothèse selon laquelle c'était une nouvelle fois l'Etat Islamique qui avait semé la mort et son cortège d'horreurs sur la Promenade des Anglais.

A peine identifié, l'assassin était présenté comme un solitaire, en aucun cas musulman puisqu'il buvait de l'alcool et mangeait du porc, taciturne, inquiétant et porté à la violence. On les voyait venir, les gentils, ceux qui se refusent à nommer l'ennemi. Une nouvelle fois, ce serait l'œuvre d'un déséquilibré sans aucun lien avec une quelconque religion, à plus forte raison avec l'Islam. Pas d'amalgame, comme nous l'avons déjà entendu ici ou là. Hélas, le CCIF, Collectif contre l'Islamophobie en France ne semblait guère convaincu par l'efficacité de ces mots trop souvent répétés à chaque tuerie. Sans considération excessive pour les morts et blessés, cette noble confrérie réclama à grands cris des mesures de protection contre la communauté des croyants qui pourrait éventuellement faire l'objet de représailles.  Quelques voix se joignirent au concert, mettant à l'index le véritable ennemi, celui qu'on peut nommer sans honte, l'extrême, l'ultra-droite. Oui, dans un pays régulièrement frappé par les attentats islamistes, soumis à la dictature d'un syndicat à forts relents staliniens, livré aux casseurs d'extrême gauche, le danger c'est bien sûr celles et ceux qui pourraient commencer à en avoir marre.

Nombreux sont en effet ceux que le Front National réunit dans l'aversion selon le bon mot de Tocqueville qui veut qu'en politique, les haines communes font bien souvent le berceau des amitiés. Ceux qui furent ou sont au pouvoir ont tous le même ennemi, ce Front National qui met en évidence leurs insuffisances passées, actuelles et sans doute futures. Les Républicains dénoncent le laxisme de la gauche qui ferait le lit du populisme, ce terme à jamais disqualifiant. C'est pourtant bien Nicolas Sarkozy qui a coupé à gros ciseaux dans les effectifs de la police et de la gendarmerie, ce président d'une vulgarité sans nom qui paradait volontiers au bras de son sponsor Kadhafi. En face, le parti socialiste rappelle dans quel état il a trouvé la France à l'avènement de François Hollande, situation qui n'a cessé d'empirer sur tous les plans, valant à l'homme une impopularité historique.

Les médias sont appelés à la rescousse, comme France 2 qui présente ses excuses pour avoir transporté le drame dans le salon de ses téléspectateurs. Erreur majeure, montrer l'Etat Islamique sous son vrai jour, c'est bien sûr faire le lit de Marine Le Pen et de sa clique. Les gentils n'avaient pas eu la même sensibilité en proposant en boucle la photo du petit Alan Kurdi échoué sur une plage turque.

Ce qu'il convient une nouvelle fois de retenir de cet attentat, c'est que l'islamisme est bien notre ennemi et qu'il doit être combattu comme tel. Jusqu'ici, les coups de menton du monde politique, l'état d'urgence, l'engagement de l'appareil sécuritaire jusqu'à l'épuisement n'ont donné aucun résultat. Il faudra un jour se décider à détruire les racines du mal, notamment en faisant taire ses jardiniers, ces imams qui prêchent la haine de l'Occident en toute impunité. Combattre l'islamisme, c'est d'abord faire le deuil d'une illusion, celle qu'Alain Finkielkraut résume en ces termes :

"Nous avons voulu, avec l’Union européenne, instaurer le règne de la paix perpétuelle. Notre grand rêve helvétique se fracasse aujourd’hui sur la réalité de l’islamisme."

Yvan Perrin, président UDC-NE