Dans un article écrit par Laurent Grzybowski intitulé " Feu sur le Patriarche " et paru dans Actualité des religions de janvier 2003, je suis la cible avec le Père Jean-Baptiste Gourion, abbé du monastère bénédictin d'Abou Gosh, d'une série de mensonges qui relèvent de la diffamation.

Vu la gravité des faits avancés, je me trouve dans l'obligation de réagir.

 

Tout d'abord, Laurent Grzybowski soutient que j'écrirais dans " un certain nombre de journaux israéliens proches de "l'ultra-droite" ". Je ne sais d'où il tient son information. De ma vie, je n'ai jamais écrit pour un seul journal israélien quel qu'il soit et à plus forte raison pour des journaux proches de l'ultra-droite. L'expression "ultra-droite" est des plus pernicieuses : en clair, il m'accuse d'être affilié à l'extrême droite israélienne (ou plutôt à l'ultra-droite, c'est-à-dire plus à droite que l'extrême droite). Cette accusation est d'une extrême gravité. Laurent Grzybowski fait-il de moi un fasciste ? Malheureusement, nous connaissons trop bien cette équation de sionisme qui rime avec fascisme. De plus, j'aimerais que ce journaliste nous dise combien il existe de journaux israéliens de l'ultra-droite et qu'il nous cite l'un d'entre eux. Si M. Grzybowski s'était donné la peine de lire quelques-uns de mes articles, il m'aurait situé autrement sur le plan des idées politiques...

 

Deuxièmement, il se permet de résumer ma pensée sur un sujet qui ne souffre en aucun cas et d'aucune manière des simplifications. Pour lui, je soutiendrais la thèse suivante : " L'avenir du christianisme en Terre Sainte n'est plus du côté arabe mais du côté israélien. " Encore une fois, le mensonge ne coûte rien. Je n'ai jamais avancé une telle thèse mais j'ai écrit et je soutiens que l'avenir du christianisme est aussi du côté israélien. Dans un article écrit pour le site Internet Proche Orient Info, j'explique bien au contraire qu'à l'intérieur du territoire israélien, le nombre de chrétiens arabes est en augmentation constante depuis la création de l'État d'Israël (34.000 en 1949 et 117.000 en 2002) alors que dans les Territoires la tendance est, de fait inverse. J'ai fait de nombreuses interventions à la radio sur ce sujet et j'ai toujours insisté sur l'importance de ces communautés chrétiennes arabes que nous avons à soutenir et à aider.

 

De plus, je suis actuellement en train de travailler sur un projet avec des amis en France pour relancer le pèlerinage en Terre Sainte qui serait d'abord et avant tout, non pas seulement une visite des Lieux Saints mais une visite des communautés chrétiennes locales. Dans le même temps, j'attire l'attention sur le nombre croissant de chrétiens israéliens non arabes dont les médias occidentaux ne parlent pour ainsi dire jamais. Je m'étonne aussi du peu d'attention que les Églises traditionnelles leur portent : en effet, pour beaucoup de nos contemporains, les chrétiens de Terre Sainte sont uniquement des arabes alors qu'il y a aujourd'hui près de 250 000 travailleurs étrangers en Israël et plus de 220 000 israéliens non juifs dont parmi eux des chrétiens. Si c'est mon crime de l'avoir dit, je suis prêt à le reconnaître. Il faudrait pouvoir analyser pourquoi cette vérité dérange à ce point.

 

Enfin, Laurent Grzybowski m'attribue entre guillemets une citation que je n'ai jamais écrite. Je l'ai de fait rencontré lors de la venue de la délégation de l'Amitié judéo-chrétienne en Israël fin octobre 2002, à l'occasion de la remise du prix de cette organisation au Père Abbé d'Abou Gosh pour sa contribution au dialogue entre juifs et chrétiens, mais je ne lui ai jamais accordé d'interview. Je ne vois pas très bien comment il peut me citer. Il est temps ici de remettre les pendules à l'heure.

 

Sa Béatitude, Mgr Sabbah est un homme public qui écrit et qui parle et comme toute personnalité publique, il peut faire l'objet de critique. Il est navrant de devoir rappeler ce minimum de droit démocratique et de liberté de la presse. Ce n'est pas le fait que le Patriarche soit impliqué dans la cause palestinienne qui est problématique (c'est son droit comme membre de ce peuple), mais le fait qu'il ne présente pas toujours comme l'évêque de tous. Il y a une différence entre dire qu'il ne se présente pas comme l'évêque de tous et dire qu'il ne peut plus prétendre être l'évêque de tous. Lors de son homélie du 1er janvier, il a énuméré les exactions des Israéliens contre les Palestiniens (sièges, couvre-feu, plusieurs maisons religieuses attaquées...) et il a parfaitement raison de condamner ces violences mais il n'a pas dit un mot sur les attentats qui justement, en cette année 2002 ont été d'une violence inégalée. Lors de la même célébration eucharistique, pas un mot en hébreu (si ce n'est "Amen" et "Alléluia") y compris lors de la prière universelle où l'on a pu cependant entendre plusieurs intentions dans des langues étrangères.

 

Pour conclure, je tiens à préciser, comme chrétien, que le Patriarche est mon évêque que je reconnais comme tel tout en estimant, comme laïc, pouvoir garder ma liberté d'expression. Que le Patriarche soit rassuré, je ne mène aucune guerre contre lui personnellement. Le seul et unique combat que je mène est celui en faveur de la vérité.

 

L'article paru dans Actualité des Religions est particulièrement pernicieux tant par le style utilisé que par les informations imprécises ou mensongères qui y figurent. En voulant défendre le Patriarche latin Mgr Sabbah, M. Grzybowski donne dans la diffamation : par cette méthode, il dessert la cause qu'il veut servir.

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