Depuis plusieurs années, Libertepolitique.com accueille régulièrement — et souvent avec bonheur pour ses lecteurs — des articles de Mgr Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d'Avignon. Philippe de Saint-Germain s'y est fait l'écho de la crise ouverte au sein de ce diocèse [1] entre des prêtres et leur évêque. Un an après, l'obstination dans l'opposition fait scandale.

Rappelons les faits. En février 2009, après deux à trois années de tensions et d'incompréhensions entre un certain nombre de prêtres (essentiellement d'origine diocésaine) et Mgr Cattenoz, la crise éclate publiquement. Douze mois plus tard, cette opposition n'en finit pas de bloquer et de diviser douloureusement le diocèse : de crise, l'affaire devient scandale lorsque des prêtres refusent de se plier à la confiance réitérée par l'Église à leur évêque tout au long de 2009 et jusqu'au pape Benoît XVI en janvier 2010, tout en contre-attaquant ces derniers jours de manière odieuse car calomnieuse.

Trop c'est trop ! Beaucoup de fidèles (et de nombreux prêtres) du diocèse en ont assez de ces attitudes déplorables d'une poignée de prêtres qui nourrissent le scandale public et la pure calomnie, trahissent leur engagement d'obéissance et de communion ecclésiale, nient en bloc les nombreux changements engagés par Mgr Cattenoz depuis un an et attisent avec constance la division diocésaine et l'opprobre contre l'archevêque.
Lynchage public
Retour sur un parcours douloureux : voici un an, huit doyens démissionnent de leur mandat pour marquer leur opposition à certains choix pastoraux. L'un des leurs, particulièrement remonté contre l'archevêque, se confie — très courageusement, c'est-à-dire sous couvert d'anonymat, et avec un grand sens ecclésial ... ! — à un journaliste anticlérical du journal Vaucluse-Matin qui tient là le scoop à sensation : des articles à charge paraissent donc contre l'évêque au plan local, repris bien sûr dans le même sens par la presse nationale. Pis, un blog est ouvert sur le site du quotidien où se répandent des centaines de propos incendiaires, calomnieux, xénophobes (du type dehors les missionnaires étrangers, les membres des communautés nouvelles ), ...qui nous rappellent les pires heures de notre histoire nationale ou ecclésiale.
Nous assistons alors à une forme moderne de curée et de chasse à l'homme — un archevêque en l'occurrence —, un vrai lynchage public en bonne et due forme, sans possibilité de défense puisqu'aucun agresseur n'est nommément identifié (la plupart des messages des blogueurs étaient bien entendu anonymes). Cela nous rappelle à tous un certain procès inique où la foule en furie crie : Crucifie-le ! crucifie-le ! ...
Ceux qui sont déterminés à faire tomber l'archevêque n'en restent pas là : toute l'année 2009, les détracteurs fourbissent leurs armes en jouant de leurs réseaux, convaincus que les jours de l'évêque dans la cité des papes étaient comptés, qu'ils avaient un dossier épais comme ça , avec soi-disant de quoi faire tomber cent fois l'archevêque, au regard des horreurs dont ses opposants se disaient témoins ou victimes. Effectivement nombres de prélats d'influence sont rencontrés : de l'archevêque de Marseille (qui préside la région apostolique d'Avignon), au nonce à Paris (l'ancien puis le nouveau) en passant par le président de la Conférence épiscopale, le cardinal Vingt-Trois, ...
Un évêque, un homme

Nous ne sommes vraiment pas ici pour canoniser [2] notre évêque avec qui nous collaborons avec bonheur depuis six ans : nous connaissons certes ses nombreuses richesses, mais aussi quelques unes de ses faiblesses ou lacunes, et certains de ses défauts parfois toniques ou surprenants qui sont comme l'envers de ses charismes forts (courage et foi ancrés dans le roc, puissante énergie missionnaire, passion de l'Église, ...) ; saint Paul, saint Jacques et saint Pierre ne prenaient pas non plus des pincettes de diplomate dans l'exercice de leur mission, ils ne devaient pas être faciles à vivre tous les jours ou devaient s'avérer très déconcertants pour leurs collaborateurs à certains moments...
Pourtant, combien avons-nous été témoins — en ces semaines et ces mois si difficiles dans cette bronca presbytérale passionnelle — de l'écoute et de la patience, du courage et de l'humilité, surtout de sa prière pour tous malgré — on l'imagine — sa souffrance profonde en tant qu'homme et évêque : il a écouté et reçu de nombreux détracteurs, il a demandé pardon pour ses erreurs, il a adouci son mode de gouvernement, il a suspendu des décisions qui lui tenaient pourtant à cœur, il a nommé de nouveaux doyens, un nouvel conseil épiscopal, et depuis peu un nouveau conseil presbytéral est en place et travaille dans un excellent état d'esprit....
Mais pendant ce temps, et jusque dans ces derniers jours de manière plus aigüe encore, les prêtres opposants ne démordent pas : grève du zèle sur le terrain, boycott de réunions diocésaines, pressions et lettre de mobilisation auprès de leurs confrères, tout en multipliant les rencontres de rebelles qui ressassent leurs rancœurs et amertumes, tentent de rallier des laïcs dans leur mobilisation anti-Cattenoz, refusent de collaborer avec l'évêque et de contribuer à la nouvelle organisation diocésaine...
Voyant qu'à l'été 2009, rien ne bouge dans le sens de leurs vœux, ils décident de remonter jusqu'au Vatican à la Congrégation pour les évêques et d'y déposer un dossier complet, sûrs de leur bon droit et que, là, ils détenaient la clé pour parvenir à leur fin.
La bénédiction du pape
En vain, le dossier est vide, le roi apparaît nu : depuis le début, chacun sait (enfin, normalement quand on est catholique et encore plus prêtre de l'Église...) qu'on ne démissionne jamais un évêque car il a du caractère ou fait venir des communautés nouvelles ou des prêtres étrangers. Mgr Cattenoz a bien rencontré le cardinal Re, préfet de la dite congrégation, mais aussi Benoît XVI lui-même en janvier 2010 à qui il a demandé audience : le pape l'a rencontré devant un photographe, l'a confirmé dans son ministère d'apôtre en charge du diocèse d'Avignon, l'a encouragé à travailler à l'unité de son diocèse, l'a enfin béni ; il a même tenu à souligner la grâce et la bénédiction des communautés nouvelles accueillies, tout en invitant l'archevêque à travailler à leur meilleure intégration et à une bonne articulation avec le clergé diocésain.
Mgr Cattenoz a donc longuement expliqué cette entrevue avec le cardinal Re puis avec le successeur de Pierre dans une lettre adressée à tous les prêtres du diocèse et dans une autre missive — plus synthétique — à tous les laïcs. Il invite maintenant chacun à tourner la page, à faire confiance à l'Église, à rebâtir l'unité dans la charité tout en s'engageant formellement à continuer à rénover son mode de gouvernement pastoral et en restant bien entendu au service de tous, baptisés et prêtres pour que l'Évangile soit annoncé et célébré.
Et pourtant, loin de se soumettre — enfin — à la décision de l'Église au travers de son ministre suprême, les opposants ne désarment pas et transforment la crise en scandale : ayant épuisé tout recours, ils reviennent aux basses œuvres médiatiques. C'est ainsi que pour marquer l'entrée en carême, paraît un article dans La Croix donnant la part belle aux citations d'un prêtre sous couvert d'anonymat bien sûr (ça devient habituel !) qui renouvelle ses nombreuses critiques amères et acerbes, soi-disant au nom de nombreux prêtres du diocèse.

Et le week-end suivant, c'est la une de l'anticlérical Vaucluse Matin qui titre Fronde contre l'évêque Cattenoz : Il faut qu'il parte ! : le journaliste réclame la tête de l'archevêque au nom des prêtres et de laïcs , rapporte de pures calomnies et des propos diffamatoires sur le prétendu train de vie de l'évêque et de la maison diocésaine : le journal vauclusien ouvre de plus un nouveau blog-poubelle (près de 200 messages en une semaine) ! Là-encore, on remarquera un parti pris éditorial anti-diocésain et des méthodes très critiquables au plan de l'éthique journalistique, puisque aucune place n'est laissée aux fidèles ou aux prêtres qui travaillent avec constance à l'unité du diocèse autour de Mgr Cattenoz.
Mais le scandale provient surtout de cette collusion de prêtres et de laïcs se prêtant honteusement à de si basses manœuvres sous couvert d'anonymat. Et dans ce contexte de poudrière alimenté par ce noyau agitateur, les incidents se multiplient sur le terrain comme ce ministre institué qui déboule en pleine messe pour déclamer après la communion une déclaration de mise en garde des baptisés contre la dérive sectaire de la paroisse et du diocèse !
Trop, c'est trop
Alors, trop c'est trop ! Tous ceux qui tentent de vivre en Église, ceux qui font confiance à Mgr Jean-Pierre Cattenoz — soit parce qu'ils l'aiment ou le connaissent bien, soit tout simplement car il est notre archevêque consacré dans l'Esprit, missionné et confirmé par le successeur de Pierre — souffrent tant de cette entreprise de dénigrement systématique et de curie médiatique depuis plus d'une année.
Nous en avons donc assez : pour ne pas attiser la division, nous n'avons pas voulu réagir publiquement pour ne pas risquer de créer un bloc contre un autre bloc, nous avons essayé de comprendre et d'écouter les souffrances exprimées, nous avons continué nos divers ministères ou services autant que possible et nous avons surtout prié pour notre évêque, les prêtres et tout le diocèse. Nous avons aussi attendu que l'Église se prononce, sans même imaginer que Mgr Cattenoz puisse être à ce point si explicitement et publiquement confirmé par le pape lui-même, cas extrêmement rare dans de telles situations, surtout pour un diocèse aussi modeste que celui d'Avignon [3].
Les nouveaux articles de presse, ce nouveau blog-poubelle de Vaucluse-Matin, les provocations et les incidents sur le terrain sont la goutte d'eau qui fait déborder le vase : finie l'omerta ! Se taire désormais deviendrait un péché contre l'Esprit, un reniement insupportable et indigne du nom de chrétien, et ne pas dénoncer personnellement ce scandale illustrerait un manque de courage que nous cachons souvent hypocritement sous des prétextes de charité, d'unité ou d'humilité. Et les détracteurs en profitent largement depuis un an.
Il est donc selon nous vraiment prioritaire que tous les catholiques du diocèse fidèles à l'Église et à l'Évangile — où le Christ confirme Pierre : Tu es Pierre et sur cette Pierre, je bâtirais mon Église — prient et travaillent à l'unité du diocèse autour de son archevêque, s'engagent concrètement dans une œuvre de réconciliation et de re-construction en échangeant avec leur curé, leur doyen et leurs frères et sœurs baptisés sur les moyens concrets à mettre en œuvre pour sortir de cette crise et respecter concrètement la diversité des charismes et des membres qui font le Corps du Christ en Vaucluse.
Témoigner publiquement
Il est également important selon nous que les catholiques témoignent publiquement d'une manière ou d'une autre de leur respect des décisions de l'Église et du pape, et donc de leur fidélité et leur communion avec Mgr Jean-Pierre Cattenoz, en informant explicitement toute autorité ecclésiale compétente (archevêque de Marseille, président de la Conférence des évêques, nonce à Paris, Vatican...) de la confiance qu'ils mettent dans leur archevêque, tout en précisant qu'ils ne le reconnaissent nullement dans les caricatures outrancières qui ont pu être exprimées à son sujet, tout en dénonçant les calomnies mensongères à son égard.
Au delà du diocèse, nous nous adressons également à tous les fidèles, religieux, prêtres, évêques... qui en France ou ailleurs, reconnaissent depuis plusieurs années en la parole de notre archevêque une parole forte et libre, pertinente et parfois prophétique (enseignement catholique, voyance et occultisme, évangélisation, vocations dans leur diversité, ...), digne des apôtres qui, à la suite de saint Paul, fuient la langue de buis, et parlent à temps et contretemps pour le service de la Vérité, de l'Église et de l'Évangélisation : il est important de soutenir Mgr Cattenoz et d'exprimer aux responsables de l'Église la grâce particulière qu'il apporte à l'Église de France, l'espoir même qu'il suscite chez beaucoup au sein du Peuple de Dieu d'une nouvelle génération d'évêques osant — avec d'autres bien sûr — poser clairement de bonnes questions, dresser des diagnostics sans concession et fixer des orientations missionnaires fort pertinentes. Naturellement, toutes ces prises de position peuvent occasionner des débats, à la fois sur le fond et sur leur mise en œuvre concrète, ce qui est toujours fort utile.
Que chacun de nous médite cette crise diocésaine incroyable mais très révélatrice d'une situation ecclésiale et pastorale française en profond bouleversement et mutation douloureuse pour un service sans doute moins convenu et mondain de l'Évangile, et une annonce plus explicite et plus libre, qui se joue des modes et du politiquement correct , qui prend acte que l'Église catholique doit retrouver sa grâce d'aiguillon, de prophète et de témoin de la Vérité, de parole à temps et contretemps .

Tout ceci nourrira sans doute notre prière et notre intercession en ce carême pour l'Église de France et le diocèse d'Avignon : nous saisissons combien le combat spirituel et pastoral pour le renouveau de l'Église et de la mission peut être immense, jusqu'à fourvoyer si gravement certains laïcs (pourtant sans doute généreux par ailleurs dans leurs divers engagements) ou certains prêtres (dont par ailleurs beaucoup savent ou ont su être de bons pasteurs, missionnaires, dévoués...) et ainsi blesser si profondément un diocèse et la communion ecclésiale.
Réjouissons-nous que l'Église catholique n'ait jamais été une démocratie, mais bien un peuple de Dieu conduit par l'Esprit et gouvernée par des ministres ordonnés au travers de la succession apostolique, et en communion universelle avec le siège de Pierre à Rome.
*Alex et Maud Lauriot-Prévost exercent depuis six ans la mission de délégués épiscopaux à la pastorale conjugale et familiale du diocèse d'Avignon. Ils écrivent cet article en leur seul nom personnel, au simple titre de baptisés.

 

Pour s'engager à la communion et l'unité dans le diocèse d'Avignon  :

>>> rendez-vous sur le site www.benissez.fr

 

[1] Avignon : un évêque offensé, une Église blessée, Libertepolitique.com, 27 février 2009.
[2] Et ce n'est vraiment pas le style de la maison pour ceux qui nous connaissent et – comme d'autres – nous avons toujours su exprimer respectueusement à l'archevêque mais très librement en face-à-face ou en public certains désaccords sur le fond ou la forme lorsque c'était selon nous nécessaire
[3] Même si on dénomme cette ville la seconde Rome après avoir été durant des années la Cité des Papes : le diocèse revêt donc une certaine symbolique, ce qui n'est d'ailleurs sans doute pas neutre dans le conflit – le combat spirituel disent certains – qui se déroule en Avignon.

 

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