Manif pour tous : la société civile tient le haut du pavé

Après la victoire incontestable de dimanche dernier, même si cette victoire reste provisoire et précaire, le vaste mouvement populaire de résistance de La Manif pour tous tient le haut du pavé dans une société française en pleine mutation. Car désormais elle représente précisément, pour sa meilleure part, la société civile, une société civile réveillée, vive, joyeuse, rajeunie, paisible mais dynamique et conquérante.

Or la société civile ne se reconnaît plus, ou plus guère, dans les appareils des partis politiques. Car les appareils des partis apparaissent comme ce qu’ils sont devenus, des machines électorales étroitement liées aux “egos” des ambitions personnelles démesurées d’hommes politiques qui disaient et devaient servir la France, mais qui ont plutôt voulu s’en servir, trop souvent au mépris du bien commun réel du pays.

Ce que sont devenus les partis

Des hommes politiques, mais pas des hommes d’État.

Des ambitions de carrières individuelles, mais sans projets mobilisateurs pour le peuple.

Des comptables besogneux s’évertuant à capitaliser les voix des lobbies les plus hasardeux aux plus calamiteux, en s’efforçant de ne contrarier personne et de satisfaire — à peu près — le plus grand nombre autour de « consensus » en peau de chagrin…

Des machines électorales enfermées dans des échéances de petits plans de quinquennats au souffle court, et non pas des relais des besoins véritables et des aspirations légitimes.

Des clans rongés par la déchéance des rivalités personnelles de petits chefs gaulois, et des opportunismes de girouettes virant à tous les courants idéologiques et médiatiques.

De la combinaison permanente des appétits, des carriérismes flattés par les officines de sondages, et des versatilités à l’affût des modes du « prêt à penser » des gourous de « conseil en communication »… Et des lâchetés collectives qui en résultent, à l’ombre des Lignes Maginot pour autruches adeptes des siestes prolongées au pied des volcans de l’Histoire en fusion.

Grippage idéologique

Mais cette fois-ci, depuis le “Printemps 2013”, le système des partis politiques — tous les partis sans exception — s’est enrayé : il s’est trouvé grippé. Atteint de virus idéologiques handicapants à gauche, avec le cas grave de l’idéologie du genre, produit d’importation d’origine douteuse s’ajoutant aux dernières séquelles du marxisme, tenaces en France…

Et perclus de rhumatismes inhibiteurs à droite, avec le relativisme, la crainte du Qu’en-dira-t-on-à-gauche, la honte de soi, et souvent une paresse intellectuelle ainsi qu’une atonie morale et spirituelle typiques de la mentalité libérale-libertaire des années soixante-dix.

Une nouvelle génération

Depuis le Printemps 2013, une nouvelle génération s’est levée, avec un esprit nouveau, se traduisant dans de nouveaux modes d’action, et dans un style d’expression original, à la fois créatif, bon enfant, ironique et libre. Cette génération, même si elle est très composite, très variée, et c’est l’un de ses atouts, même si elle regroupe en son sein croyants et incroyants, catholiques, protestants, juifs, agnostiques, et musulmans voulant s’intégrer au tissu social français sous le signe de la morale naturelle, emprunte assez largement à l’héritage de la génération des années Jean-Paul II, de la « génération JMJ », de ces Journées mondiales de la Jeunesse qui ont marqué durablement les esprits dès 1997 à Paris et dans toute la France grâce à une irrigation internationale.

Et précisément, encore dimanche dernier, en ce 2 février 2014, depuis Paris et outre Paris, depuis la France, c’est à travers toute l’Europe, à Bruxelles, Madrid, Rome, Varsovie et jusqu’à Moscou, dans l’Europe respirant de ses deux poumons de l’Est comme de l’Ouest, que des foules se sont levées pour défendre la famille, l’enfant, et donc l’avenir et la Vie. Contre les idéologies mortifères et les mensonges des utopies meurtrières. En France et au-delà, cette nouvelle génération va, espérons-le, inventer une autre manière de vivre et de conduire la vie politique. Pour reconstruire un avenir qui vive et qui dure.

 

Denis Lensel 

 

 

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