Chaque jour qui passe montre ce qu'est la guerre de George W. Bush : une erreur politique, qui produit l'inverse des effets attendus. Et une erreur humaine, qui multiplie les victimes innocentes.

.. L'opinion mondiale applaudit donc la fermeté - lucide - de l'Élysée et du Quai d'Orsay. En France, cette fermeté est approuvée par les citoyens. Comme le vérifie la dernière enquête Ipsos, plus les Français sont diplômés (et informés), plus ils se montrent sévères à l'encontre de M. Bush. Même les "plus de 70 ans" estiment en majorité que 1944 n'excuse pas 2003. La jeunesse est massivement opposée à la guerre. Quant aux milieux d'affaires français, leur fascination envers l'Amérique ne les empêche pas de voir que cette guerre aggrave les menaces qui pèsent sur l'économie occidentale.

Dans ces conditions, les appels solennels de Jean-Paul II à la paix placent l'Église catholique dans la position de "protectrice de l'humanité". La guerre n'était pas nécessaire, explique le pape : l'Irak pouvait être désarmé par la négociation et les inspections, dans le respect du droit international.

D'où le malaise que l'on éprouve, depuis quinze jours, en découvrant des catholiques parmi les - rares - partisans français de cette guerre, voulue depuis le début par la Maison Blanche.

Tel leader d'opinion, tel notable, tel courrier de lecteurs, et (dans les dîners en ville) un certain nombre de paroissiens, donnent raison à Bush. Donc, tort au pape.

Sans polémique, posons quelques questions à ces frères et sœurs dans la foi :

- Savent-ils que Jean-Paul II condamne la guerre d'Irak ? Et que Mgr Tauran - dès février - a réuni les 174 ambassadeurs accrédités au Saint Siège, pour les prévenir que l'invasion de l'Irak serait "un crime" ?

- S'ils ne le savent pas, pourquoi ne s'informent-ils pas mieux ?

- Mais s'ils le savent, que n'en tiennent-ils compte ?

- Pensent-ils que la religion s'applique aux jolies choses de la vie privée (le mariage de leur fille), mais pas aux choses graves de la vie publique (la politique, les relations internationales, la guerre) ?

- Seraient-ils plus soumis à l'Amérique qu'à leur Église ?

- Estiment-ils que le "si religieux" GWB a raison contre toutes les grandes Églises (y compris celles de son propre pays), qui ont condamné ou désavoué cette guerre ?

Poser ces questions n'est pas chercher querelle. C'est aider à voir clair. Rien ne permet de croire que ces catholiques soient pro-Bush pour des raisons d'intérêts matériels ; s'ils réagissent ainsi, c'est par simple habitude mentale. Mais si cette habitude consiste à écouter - en dernier ressort - les puissants de ce monde plutôt que la chaire de Pierre, alors ces catholiques sont influencés (plus qu'ils ne le croient) par la société postmoderne : une société sourde aux autorités spirituelles, morales et culturelles.

Nous sommes d'ailleurs tous plus ou moins touchés par cette influence de masse. Et nous avons tous à nous en libérer, parce que c'est une entrave pour le cœur et l'esprit.

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