Les anti-GPA oublient l’argument essentiel

Source [Boulevard Voltaire] Interrogée par Le Parisien le 7 mars, Marlène Schiappa assure que « la PMA pour toutes sera mise à l’agenda avant cet été ». Et après la PMA pour toutes, la GPA ? Dans Le Figaro du 28 février, les anti-GPA dénonçaient « une propagande pour la légalisation des mères porteuses » ainsi qu’un matraquage médiatique, à l’exemple de la parole donnée sur toutes les ondes à Marc-Olivier Fogiel, père de deux filles nées par GPA.

À cet intéressant article, il manque l’essentiel. La GPA ne pose pas seulement des problèmes d’ordre juridique et éthique.

Rappelons les mises en garde de Jean Liedloff. L’auteur du Concept du continuum (1975) relève qu’un nourrisson qui a passé neuf mois dans le ventre de sa mère, par les sons et les sentiments qu’il perçoit, développe ses sens et « construit sa représentation du monde ». À travers le liquide amniotique de la mère, le fœtus reçoit toutes les informations dont il a besoin. Ce qu’une éprouvette, si sophistiquée soit-elle, ne pourra jamais lui apporter en totalité. Et quelles furent les conditions d’alimentation, d’addiction ou le cadre de vie de cette mère porteuse ? Qui s’en soucie ? Bien peu. « Aux États-Unis, chaque nouveau-né serait déjà porteur de traces décelables de plus d’une centaine de xénobiotiques (molécules chimiques étrangères à l’organisme), dont des perturbateurs endocriniens transmis via le placenta », d’après Alternative santé, janvier 2018.

La psychothérapeute américaine précise également la nécessité d’un « continuum » ; le bébé a encore besoin, pendant plusieurs mois, de ce contact physique afin qu’il découvre la réalité à travers celle qui l’a porté, dans la sérénité, c’est-à-dire dans la sécurité.

C’est à ce moment-là qu’il acquiert, pour toute sa vie, la confiance en lui. Tout son avenir en dépend. À défaut, il aura un besoin permanent de compétition afin d’attirer l’attention des autres. À l’inverse, il pourra rechercher une dépendance à la drogue, à l’alcool, à la transgression.

De même, pour Jean-Pierre Changeux (L’Homme neuronal), l’enfant n’accède à la parole que si les neurones du langage sont stimulés par les sons de la voix maternelle. Le changement brusque de « mère » est fondamentalement traumatisant.

Et aujourd’hui, Émilie Demoinet, chercheuse niçoise à l’Institut de biologie de Valrose, va encore plus loin. « On a montré par exemple que des souriceaux, séparés plusieurs fois par semaine de leur mère pendant les trois premiers mois de leur vie, manifestent des problèmes neurologiques. Troubles que l’on retrouve chez les trois générations suivantes, alors qu’elles n’ont jamais elles-mêmes vécu de stress précoce ! » (Nice-Matin du 28 avril 2018).

L’ADN de l’Homo sapiens compte 20.000 gènes. Celui du grain de riz 60.000 ! Qu’est-ce que cela signifie ? Que l’être humain se crée lui-même en permanence en fonction des changements dans son environnement, et d’abord dans le ventre de sa mère. Des sensations multiples et incessantes qu’il reçoit, il construit l’individu adulte qu’il sera.

L’homme ne connaît pas encore grand-chose à l’alchimie de la vie. Pourtant, il le croit, mais cet apprenti sorcier ne peut donc que se tromper… dangereusement. Et la plupart des politiciens, par ignorance, mais surtout par démagogie, semblent bien n’être que les propagandistes de ces adeptes du transhumanisme, de l’antihumanisme le plus radical, en vue de l’avènement de démiurges régnant sur la masse des sous-hommes !

Doit-on, sous prétexte de modernité, sacrifier l’enfant et accentuer chaque jour un peu plus l’incohérence des relations humaines ?