À l'approche des élections européennes, un sondage Ifop pour La Croix [*] confirme que les catholiques pratiquants votent toujours très largement à droite en France. Ils placent les listes UMP en tête dans leur intention de vote pour les européennes.

On le savait : le vote des catholiques pratiquants, ancré à droite, ne rejoint pas le vote des catholiques non pratiquants, qui épouse assez fidèlement celui de l'ensemble des Français. Pour les sondeurs, les catholiques pratiquants vont à la messe au moins une fois pas mois, soit 10 % du total des électeurs (14 % pour l'IFOP). Ils voteront à 42 % pour l'UMP, contre 26 % à 30 % pour la moyenne nationale. Les catholiques réellement pratiquants sont ceux qui se rendent à la messe tous les dimanches (d'où messalisants ) sont estimés à 4-5 %, mais ils ne sont pas pris en compte ici.

Pour le directeur adjoint du département opinion de l'Ifop, Jérôme Fourquet, ce mouvement de droitisation s'explique par l'âge des catholiques pratiquants qui se trouvent davantage dans les catégories les plus âgées. Or c'est parmi les plus de 65 ans que l'UMP réalise ses meilleurs scores. Mais M. Fourquet n'étaie son affirmation par aucun chiffre, sachant notamment que les familles catholiques pratiquantes sont aussi les plus nombreuses, donc les plus jeunes. En outre, il ne lui vient pas à l'idée que l'âge peut ne pas être le seul discriminant dans le vote chrétien, comme si les catholiques étaient tous vieux dans leur tête. Mais rien n'indique les motivations de cette frange majoritaire du catholicisme français, dont le jugement n'est sûrement pas homogène, à l'image de la configuration de l'UMP elle-même, qui rassemble aussi bien des gaullistes, des atlantistes, des radicaux, des libéraux, des conservateurs, des modérés...

Deuxième enseignement de ce sondage, les catholiques pratiquants délaissent Jean-Marie Le Pen (4 %) pour les listes de Philippe de Villiers (14 %). À l'élection présidentielle de 2007, le président du Front national avait attiré 16 % des voix des catholiques pratiquants contre 4 % à son homologue du MPF. Les prises de distance du mouvement lepéniste avec la morale chrétienne (par exemple sur l'euthanasie, l'avortement ou l'homosexualité) ont sans doute ouvert les yeux des catholiques que le radicalisme outrancier des frontistes ne gênait pas.

À gauche, les listes du PS ont les faveurs de 16 % des catholiques, tout comme celles présentées par le MoDem qui fait à peine mieux chez les catholiques (16 %) que dans l'ensemble du corps électoral (14 %). M. Fourquier n'analyse pas ces chiffres selon le critère de l'âge, mais il y a fort à parier que ce n'est pas la tradition usée des chrétiens de gauche et des fanatiques de la troisième voie qui investit les catholiques de la génération Jean Paul II. Et ce n'est pas le gauchissement de François Bayrou qui revendique une vision de la laïcité aussi fraîche que la loi de 1905 qui peut les séduire davantage.

Les autres listes recueillent des intentions de vote faibles ou marginales : Verts, 5 % ; les autres, moins de 1 %.

 

 

[*] Sondage IFOP/La Croix, du 29 avril au 7 mai, auprès de 1071 personnes, selon la méthode des quotas.

 

 

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