drapeau gay

Des onze pays qui ont institué le mariage homosexuel, sept monarchies et seulement quatre républiques.

Les monarchies : les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark, la Norvège, la Suède,  l’Espagne, le Canada.

Les républiques : l’Islande, le Portugal, l’Afrique du Sud et l’Argentine.

A quoi s’ajoutent huit  états des Etats-Unis[1] et deux du Mexique (qui sont aussi des états unis).

Pour être plus exact, il faudrait ajouter à la liste le Royaume-Uni qui a institué une union civile donnant tous les droits du mariage et en retirer le Portugal où le mariage ne donne pas le droit à l’adoption. Cela  ferait huit monarchies et trois républiques !

Il est en tous les cas clair que les monarchies, minoritaires dans le monde,  sont surreprésentées parmi les pays ayant fait le choix de ce développement institutionnel.

Jusqu’à l’élection de François Hollande, les grandes républiques continentales : France, Allemagne, Italie, Russie résistaient ferme. A ce jour, l’Islande est en Europe (si tant est que ce petit pays de 470 000 habitants en fasse partie) la seule république ayant pleinement satisfait à la revendication des militants « gays ». 

Pour comprendre ce paradoxe, on peut alléguer la « modernité » des monarchies nordiques, un mythe bien mis à mal par le succès des romans de Stieg Larsson (série Millenium) qui montrent la profonde dégradation de la société suédoise, jadis tenue pour modèle.

On peut aussi se référer à l’image qu’avait l’homosexualité aux beaux jours de la IIIe République. A en croire Proust, elle semblait alors l’apanage d’une vieille noblesse catholique, passablement décadente. Dans la Recherche du Temps perdu, presque tous les aristocrates s’avèrent en être. Seuls les juifs (Bloch, Swann) aiment les femmes. L’homosexualité allait souvent de pair avec le snobisme, si bien analysé par le romancier : la volonté d’être à tout prix différent, de « se distinguer ». La « distinction » : le contraire de l’égalité républicaine.

A la même époque, le monde paysan ignorait dans sa grande majorité qu’il put même y avoir des homosexuels. La classe ouvrière, malgré sa déréliction, était fière de sa virilité. Le bon ouvrier était heureux d’avoir une compagne à lui et fier de subvenir, quand il le pouvait, aux besoins de  ses enfants. Sa vie difficile ne le décourageait pas de vouloir  perpétuer  la race : contre le côté de Guermantes : Germinal !

L’art  des années trente (pas seulement dans les pays communistes) a bien illustré le mythe de la virilité ouvrière. Stakhanov, héritier de l’Hercule Farnèse. René Girard a montré comment la proximité avec le feu, la forge, le haut fourneau, faisait entrer l’ouvrier dans une forme de sacré, tout en lui interdisant le raffinement.  

Aujourd’hui les valeurs se sont largement inversées : même s’il trouve quelques partisans à droite, le militantisme homosexuel est intrinsèquement lié à la gauche. La remise en cause de l’héritage judéo-chrétien, dans laquelle s’inscrit la revendication du mariage « gay », fait partie de  l’héritage « bobo » de mai soixante-huit ; il a pénétré la gauche au fur et à mesure que celle-ci s’éloignait de la classe ouvrière (ou de ce qu’il en reste).

Evolution analogue pour la défense du bas-breton. Apanage de la droite monarchiste au début du XXe siècle, revendication bien portée à gauche aujourd’hui. Cette mutation du sentiment identitaire explique en partie le basculement à gauche de terres jadis conservatrices comme l’Ouest ou le Pays basque. Au point que le nouveau premier ministre soit breton. Les sentiments républicains de cette deuxième gauche, en passe de devenir la première, à laquelle se rattachent les nouvelles terres socialistes, furent  longtemps tenus en suspicion.  

On peut ajouter que la république est la res publica, la chose publique. Le mariage républicain avait pu reprendre l’héritage du mariage chrétien (ou du moins s’y superposer) parce que l’union de l’homme et de la femme apparaissait utile à la république. Avant la révolution, la philosophie des Lumières reprochait aux moines de se soustraire à ce devoir. L’article 4 de la Déclaration des droits et devoirs de l’homme et du citoyen du 5 fructidor an III dit que « Nul n'est bon citoyen, s'il n'est bon père, bon frère, bon ami…bon époux ».

La revendication du mariage « gay », dont l’appellation même semble récuser le sérieux républicain, s’inscrit plutôt dans la montée de l’individualisme. Malgré la revendication concomitante d’un droit d’adoption, il ne semble pas que ceux qui le demandent ( et qui sont loin de représenter tous les homosexuels, comme en témoigne le succès de l’association Plus gay sans mariage ) soient d’abord soucieux d’assumer mieux les devoirs de la République.

Avec la bienveillance pour les prescriptions de l’islam, même les plus attentatoires à la laïcité (dont Elisabeth Badinter déplorait qu’on laisse à l’extrême-droite le soin de la défendre), l’adhésion sans nuances à l’Europe ou au mondialisme, chers à la fondation Terra nova, une partie de la gauche s’éloigne des valeurs traditionnelles de la république. Le  mariage unisexuel s’inscrit dans la même tendance.

[1] Il y en avait dix mais la Californie et le Maine y ont renoncé à la suite  d’un référendum.