Le dialogue difficile avec un imam

Le 30 octobre, au lendemain des assassinats dans la basilique de Nice par un musulman littéraliste, c’est l’Heure des Pros à 9h sur CNews. Est ce jour-là invité M. Abdelali Mamoun, imam et théologien.

L’animateur Pascal Praud pose une question quelque peu bizarre :

« Vous êtes au contact des Français musulmans. Le niveau de tension aujourd’hui de la société, comment vous l’évaluez ? Est-ce que les Français musulmans ont peur pour eux, car ils sont stigmatisés ? Quel est votre sentiment ? »

Ce qui amène à un dialogue un peu vif entre l’imam et Ivan Rioufol dont nous reproduisons les échanges essentiels.

Monsieur Mamoun commence par répondre :

« Aujourd’hui, les musulmans ont véritablement peur que se déclenche une logique de vengeance réciproque et qu’eux-mêmes deviennent, en tant qu’innocents de cette communauté nationale, voulant vivre leur citoyenneté et leur spiritualité tranquillement et paisiblement, se retrouvent victimes de cet extrémisme identitaire, d’extrême-droite et caetera parce qu’ils avaient laissé apparaître un petit signe religieux au coin de leur vêtement. C’est cette inquiétude qui a motivé des fédérations départementales et mêmes nationales à fermer des mosquées : pas pour des raisons sanitaires, mais pour des raisons sécuritaires ».

Ivan Rioufol intervient alors en soulignant que, par décence, Monsieur Mamoun aurait pu rappeler que ce ne sont pas des musulmans qui ont été victimes la veille, mais des catholiques.

Réponse de Monsieur Mamoun :

« Nous pensons, nous musulmans, que ces chrétiens, ce sont les nôtres, ce sont nos frères. Ce discours séparatiste que j’entends parfois est inadmissible : les chrétiens, les musulmans, y en a marre aussi ».

Ivan Rioufol intervient à nouveau en soulignant que les Français ont eu tort de ne pas prêter attention aux avertissements des chrétiens d’Orient.

Nouvelle réponse de M.Mamoun :

 Ces chrétiens d’Orient, ces musulmans d’Orient sont tout autant victimes de la menace terroriste. Arrêtez de faire du sectarisme primaire. Pour moi, combattre le racisme, la xénophobie, l’intolérance, doit se faire contre tous ces barbares ensemble. Il n’y a pas à dire, les chrétiens d’Orient, les musulmans d’Orient, les juifs : on doit combattre toutes les formes de violence ».

Ivan Rioufol :

« Pour l’instant, ceux qui sont à protéger immédiatement, ce sont les chrétiens ».

Dernière réponse de Monsieur Mamoun qui confine quand même au stade ultime de l’incohérence :

« et pas les musulmans ? Les juifs, on doit pas les protéger ? Pour moi, c’est du séparatisme… je ne suis pas dans la logique victimaire…  La promenade des Anglais : 84 morts. Sur les 84 morts, 36 musulmans. Vous n’avez pas à faire de la sélection ».

Il y avait pourtant une bonne nouvelle : Monsieur Mamoun est considéré comme un imam représentatif de cet islam des Lumières fantasmé par certains. La preuve : il est l’auteur d’un livre récent : L’islam contre le radicalisme. Manuel de contre-offensive. Il représenterait donc une vision républicaine de l’islam en France. Vous imaginez dans le cas contraire ?

Et on repense avec quand même un certain effroi à la synthèse de M.R.Brague dans un article du Figaro ayant aussi suivi l’attentat de Nice et intitulé « Que cela plaise ou non, la France est attaquée en tant que nation chrétienne ». Il y dit à propos du radicalisme en islam :

« L’islamisme et l’islam sont en effet différents, mais j’y vois une différence de degré plus que de nature. L’islamisme est l’islam pressé, bruyant, brouillon ; l’islam est un islamisme patient, discret, méthodique ».