Dans un passé encore proche, les évêques avaient l'habitude d'adresser une longue lettre pastorale à leurs diocésains à l'occasion du Carême. Cette habitude s'est, semble-t-il, un peu perdue, même s'il arrive à nos pasteurs de communiquer dans des textes souvent plus brefs, ponctuant les moments forts de la vie ecclésiale.

Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a renoué avec ce moyen de transmission relevant de sa mission de docteur, en rédigeant un document assez dense pour être publié sous forme d'un livre, et qui retient surtout l'attention, au-delà des rivages du Rhône et de la Saône, par sa force d'entraînement spirituel.

L'histoire du christianisme confère à l'ancienne capitale des Gaules un grand prestige, depuis les martyrs de Lyon en 177, la belle figure de saint Irénée, magistral docteur de la foi, et toute la tradition qui s'est poursuivie jusqu'à nos jours à travers une Pauline Jaricot, un Frédéric Ozanam et tant d'autres. Il y a vingt ans, la visite de Jean-Paul II à Lyon avait permis de réactualiser la grâce de ce foyer de la foi chrétienne, et la béatification du Père Chevrier, fondateur du Prado, avait manifesté la puissance toujours renaissante de l'exemple des saints.

C'est à l'occasion de l'anniversaire de cette visite, qui coïncide avec le cent-cinquantième anniversaire de ce qu'on appelle "la conversion d'Antoine Chevrier", que le Primat des Gaules propose cette lettre pastorale qui contient — à l'exemple des lettres de saint Paul — sa partie d'enseignement et sa partie d'exhortation spirituelle et missionnaire. L'exemple du Père Chevrier y apparaît dans toute sa lumière évangélique, sa simplicité exigeante qui résulte de la méditation incessante de la Sainte Ecriture : "La connaissance de Jésus-Christ, son étude, l'oraison, voilà la première chose à faire pour devenir une pierre de l'édifice spirituel de Dieu." Les paroles du bienheureux constituent le fil directeur d'une méditation qui a aussi une dimension programmatique. Non qu'un programme, au sens d'une planification rigoureuse, y soit développé !

Une ligne directrice s'y déploie simplement comme une incitation à méditer sans cesse l'Ecriture et à la répandre autour de soi. On se souvient de l'initiative prise il y a deux ans de distribuer l'Evangile à 500.000 exemplaires à l'occasion de la célèbre fête lyonnaise du 8 décembre.

Au-delà de tout marketing, donner accès à la Parole de Dieu, c'est permettre d'en vivre, en suivant Jésus de près, selon le mot d'ordre du Père Chevrier qui donne son titre à cette lettre de l'archevêque. Mais vivre de la parole et de l'exemple de Jésus, c'est nourrir aussi le désir de le communiquer, sans avoir peur d'enseigner. La lettre se termine sur l'invitation à renouveler la catéchèse, avec parfois des moyens inédits mais, selon une ordonnance qui se réclame d'une continuité inentamée. Comment ne pas se réjouir d'un tel document qui devrait susciter une seule âme dans une "Église ardente dans son élan à semer l'Évangile".

* Éditorial à paraître dans le prochain n° de France catholique

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