Solidarité

Autrefois confisquée par la gauche, la solidarité est désormais l'apanage de tout parti qui prétendrait à passer le cap des cinq cents signatures. Depuis la fameuse histoire du lundi de Pentecôte, tous les moyens sont bons pour faire « cracher » encore un peu plus d'argent aux travailleurs, à gauche comme à droite. Le libéralisme du candidat Dupont-Aignan, le refus de l'assistant de Sarkozy font quand même pâle figure devant les idées dominantes, si « généreuses » qu'elles veulent même s'étendre au monde entier à gauche.

Front National

A contrario de la « vraie » droite, Marine Le Pen semble privilégier une solidarité à travers les services publics : que ce soit par populisme ou par antilibéralisme, le revirement « gauchiste » de Marine Le Pen est notée par tous les analystes. Serait-ce la nouvelle Gambetta ?

En tout cas, elle se fait chantre de la retraite par répartition, décriée par de nombreux électeurs de droite, qui la trouve moins morale que la retraite par capitalisation. La candidate du Front National y voit le moyen d'assurer et d'organiser la solidarité entre les générations :

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« De manière générale, il faut défendre le principe selon lequel le système de retraites doit reposer sur la solidarité entre générations et assurer un niveau suffisant pour vivre sans un complément de retraite par capitalisation. L’objectif doit être fixé de revenir le plus rapidement possible au principe de 40 annuités de cotisation pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein. Un calendrier devrait donc être défini et ajusté en permanence, en fonction de la situation financière de la Nation.

Il convient d’assurer une meilleure organisation de la solidarité entre les générations et d’augmenter, pour cela, la transparence et l’équité du système de retraites. De même, dans un objectif de simplification, il convient de fusionner les régimes de base et les régimes complémentaires – dont la distinction n’a plus lieu d’être aujourd’hui – et le maquis des différentes caisses de retraite doit être clarifié. Dans la fonction publique, une caisse de retraites séparée doit être instituée : elle percevrait les cotisations prélevées sur les traitements et verserait les pensions correspondantes. Les régimes indemnitaires (primes) seraient alors intégrés dans le calcul des cotisations et des pensions »

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Debout La République

Le programme de Nicolas Dupont-Aignan quant à la solidarité est sans doute le plus libéral de tous. Il convient de prendre en charge les personnes qui ne peuvent de toutes les façons pas travailler. C'est pourquoi il veut permettre une bien meilleure intégration des personnes handicapées dans la société.

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« Le traitement des handicapés est le meilleur signe du niveau de justice et de solidarité d’une société. C’est pourquoi je propose d’accélérer l’effort réalisé pour l’intégration de tous les handicapés dans la société et de faire de la France un pays modèle dans le monde (création de centres relais, développement du braille et de la langue des signes, intégration dans les écoles et dans le monde du travail). Pour cela, je propose aussi de revaloriser le métier des auxiliaires de vie qui aident les familles dont un des membres est atteint d’une maladie dégénérative type Alzheimer ainsi que les enfants handicapés. Enfin, il est essentiel d’améliorer l’accès des enfants handicapés à la scolarité, si possible dans le cursus standard, avec un accompagnement adéquat, sinon dans des classes spécialisées. »

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Union pour la Majorité Populaire

La solidarité est un sujet dangereux pour tout candidat de droite. Nicolas Sarkozy n'a pas choisi la rupture avec un modèle lourd envié partout dans le monde, mais « l'herméneutique de continuité ». Ainsi, Nicolas Sarkozy prétend vouloir sauver notre modèle social : c'est là tout l'objectif du recul de l'âge du départ à la retraite pour sauver le système de retraite par répartition.

Toutefois, il doit réussir à tenir solidarité et travail : la plupart de ses électeurs dénigrent l'assistanat. Son discours du 22 février (2012) est, à cet égard, une œuvre de maestro. L'équipe UMP de la dixième circonscription de Seine-et-Marne l'a résumé :

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« Nicolas Sarkozy a annoncé ce soir des mesures innovantes pour l’emploi des plus défavorisés. En réformant la prime pour l’emploi, il réoriente 4 milliards d’euros vers les personnes qui touchent des bas salaires. Ce sont 7 millions de personnes qui vont effectivement voir leurs revenus augmenter de 1000 euros par an.

La solidarité, c’est la plus belle preuve de la cohésion sociale. Or, la cohésion sociale n’est possible que si chacun respecte l’équilibre des droits et des devoirs. C’est pourquoi Nicolas Sarkozy demandera aux bénéficiaires du RSA qui n’ont pas d’emploi et qui ne suivent pas de formation de réaliser des travaux d’intérêt général rémunérés.

Enfin, la solidarité par le travail, c’est le développement de l’alternance. Les jeunes se voient ouvrir les portes de l’entreprise et les deux mondes cohabitent, s’enrichissent. Nicolas Sarkozy propose d’améliorer encore la réforme du bac professionnel avec une troisième année systématiquement en alternance. Ce sont ainsi des barrières qui tombent et les liens entre les générations qui se renforcent.

Nicolas Sarkozy propose des mesures concrètes ancrées dans le travail, parce que la première priorité, c’est l’emploi des Français. Et il promeut une conception dynamique et participative de la solidarité : établir des filets de sécurité pour tous et donner à chacun la possibilité de retrouver de l’estime de soi. »

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Cette « solidarité dans le travail » l'a poussé cette semaine (le 6 mars, précisément) à proposer un durcissement de l'accès au RSA qu'il a créé.

Mouvement Démocrate

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« Le projet de société que nous présentons et défendons devant les Français se résume en un mot : humanisme. L'humanisme est un projet à part entière qui considère que la personne humaine qui se libère des aliénations qu'on lui impose, dans sa liberté, dans la reconnaissance qu'on lui doit et qu’elle doit, dans son bien-être, sa force créatrice, est l'horizon des sociétés dans lesquelles nous vivons. C'est pourquoi nous pensons qu'humanisme signifie en même temps liberté et solidarité. »

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Ce que François Bayrou appelle « humanisme » incarne sans doute le désir qu'il a d'exprimer sa foi : c'est un sujet qui lui tient à cœur et auquel il consacre 24 propositions, autour de 7 principes ; car la liberté et la solidarité ne sont pas des acquis, il faut les encourager par la puissance publique :

 
 Voici ses 7 principes :  

  • Lutter contre la précarité.
  • La vraie solidarité, c'est de trouver et de garder un travail.
  • L'avenir de la protection sociale notamment pour la santé et la retraite, c'est la justice et l'équilibre des régimes.
  • Nouvelle conviction : le logement, c'est la clef de l'humanisation de la société.
  • Une autre certitude : la dépendance et le handicap doivent faire l'objet d'une politique commune d'aide à l'autonomie de la personne.
  • Pour une société à vocation humaniste, il est un sujet que l'on traite trop peu, c'est la lutte contre la solitude.
  • Intégration et lutte contre les discriminations.
  • Soutenir l'économie sociale et solidaire et les associations.

Parti Socialiste

Candidat le plus modéré à gauche, François Hollande demeure le plus grandiloquent. Le champion de la première personne du singulier – mais plus des pauvres et des exclus – en oublie même d'utiliser le mot « solidarité ». Il ne l'utilise que dans trois domaines : le sport (entre les « pros » et les amateurs ; amusant quand on sait qu'il ne veut plus taxer les footballers comme les autres « riches » : coïncidence ?), la décentralisation (« Un pacte de confiance et de solidarité sera conclu entre l’État et les collectivités locales garantissant le niveau des dotations à leur niveau actuel ») et les relations avec les pays de la rive sud de la Méditerranée (et la fin de la Françafrique).

Un peu léger pour un candidat socialiste, pris sur le fait par tous ses adversaires...

Europe Écologie Les Verts

Européenne, voire Mondiale, Éva Joly « veu[t] emmener la France et l’Europe vers une solidarité active, notamment avec le Sud, aux antipodes des perversions de la Françafrique ».

Réplique amoindrie de l'écologie humaine chrétienne, la candidate étend le mot « soutenabilité » à la société : il est synonyme de solidarité – à moins de condamner une partie de sa population à la pauvreté et à la précarité.

Le Parti de Gauche

Jean-Luc Mélenchon a peaufiné son dossier. Voudrait-il « chasser sur les (nouvelles) terres du Front National » ? Le journaliste tartempion a tout lieu de s'interroger, devant la force mise en œuvre pour faire « place au peuple ». Voilà un candidat de gauche qui a des propositions sur la solidarité ! N'est-ce pas étonnant ?

Elles peuvent être regroupées en trois catégories :

  • la sécurité : une affaire de solidarité nationale ;
  • abolir la précarité ;
  • un pacte pour un nouvel essor des services publics.