La diplomatie française en plein désastre.

[Source : Roland Hureaux]

Jamais, peut-être depuis des siècles la diplomatie française n’était tombée aussi bas. Laurent Fabius avait été un ministre des affaires étrangères désastreux. Son successeur, Jean-Marc Ayrault s'avère encore pire. Comme il ne connaissait pas le sujet, on pouvait s’attendre au moins à ce qu’il soit prudent, mais il n'en est rien.

La prise d'Alep par les forces gouvernementales  syriennes avec l'appui des Russes : tout le monde devrait s'en réjouir puisqu’elle annonce la défaite des djihadistes que notre  police pourchasse  en France et la fin de la guerre. Au contraire, elle met en rage  les gouvernements  occidentaux, spécialement le nôtre, qui  semblent vouloir  regagner par la propagande ce qu'ils ont perdu sur le terrain. Comment cette guerre aurait-elle donc pu finir autrement, sauf à connaître une bataille encore plus cruelle à Damas et la prise de  pouvoir finale  par les islamistes ?  C'est d'ailleurs le  sentiment de l’immense  majorité de la population de Syrie, chrétiens d'Orient en tête. Jean-Luc Mélenchon l'avait compris  avant d'autres.

Au lieu de cela, notre gouvernement est en pleine dénégation. Humilié par la défaite des djihadistes (quel aveu sur ses véritables engagements !), il  est  conduit à prendre des  initiatives absurdes à l’ONU, comme la récente tentative de  supprimer le droit de veto  quand des vies humaines sont en jeu. Ce qui est idiot : des vies sont toujours en jeu  s'il y a  guerre. Voilà bien du BHL à  l'état pur. Alors que le droit de véto au Conseil de sécurité et le  principe de non-ingérence sont les  piliers de l'ordre  international depuis 1945, cela reviendrait à  officialiser le "droit d'ingérence humanitaire"  au moment même où il vient de montrer  partout son caractère criminel :  six pays mis à feu et à sang depuis 15 ans au nom des droits de l'homme -, Trump récuse d’ailleurs ces actions.

Ayrault multiplie les communiqués vengeurs  accusant les vainqueurs des pires  crimes : " exécutions sommaires, notamment de femmes et d’enfants ; personnes brûlées vives dans leurs maisons ; poursuite du ciblage systématique des hôpitaux, de leur personnel et de leurs patients… De telles atrocités révoltent les consciences" (13/12/2016).

Aucune vérification de ces faits, hautement invraisemblables quand on  sait que Russes et Syriens se savent sous les projecteurs de l'opinion  internationale  et que la plupart des accusations proférées depuis six ans à l'encontre du gouvernement syrien se sont avérées  douteuses. Pourquoi d'ailleurs cibler les hôpitaux (où les rebelles avaient planqué  leur QG),  puisque la bataille est finie ? Tout se passe comme si les Occidentaux voulaient regagner par la propagande ce qu'ils ont perdu sur le terrain.   

Aucune  mention  des horreurs  de notre allié  Al Qaida , appelé  maintenait Al Nosra ou encore Fatah al-Cham, que l'on découvre aujourd'hui , pires que celles dont on accuse  le régime.

Qui ne voit que notre diplomatie se déshonore  par cette propagande grossière, proche de celle  qui émanait autrefois du Kominterm ou de  la Propagandastaffel , indigne d'un pays démocratique ?  

Outre une grande presse  plus servile que jamais,  il n'y a plus personne pour la gober, que la Conférence des évêques de France qui s’alarme, à la suite de la reprise d'Alep, d'une arrivée massive de réfugiés et demande de les accueillir. Or, les seuls qui voudraient aujourd'hui fuir la Syrie sont les islamistes  défaits : voilà des  pasteurs pressent les   brebis d'accueillir les loups dans la bergerie !  

Ce combat d'arrière-garde hypothèque gravement les intérêts de la France. Même si l'équipe Obama, dans le même état d'esprit que notre gouvernement, elle aussi  soucieuse d'empêcher jusqu'au bout le retour de la paix,  vient d'aider Daech à reprendre  Palmyre, Donald Trump,  aux affaires dans un mois, traite déjà   sur une ligne réaliste  avec Poutine  sur ce sujet. Tous les  Etats reprennent  langue avec Bachar el Assad qui  va, que  cela plaise ou non, rester en place, sauf nous.

Les adeptes européens de l'idéologie  "néo-conservatrice" (adoptée depuis longtemps par la gauche), le gouvernement Hollande en première ligne, sont aujourd'hui doublement frappés : par la défaite des djihadistes et  par la défaite de Clinton. Le néoconservatisme ayant perdu  la partie  à Washington, ils avancent désormais comme un canard sans tête. Il y a en effet de quoi désespérer.

La diplomatie française s'entête dans ses erreurs, ses criailleries la ridiculisent. Elle se montre incapable de faire ce qui est le b a ba de toute action  diplomatique : s'adapter à une nouvelle situation.  En elle se conjuguent la rigidité française et  la rigidité idéologique pour le plus  grand préjudice de nos intérêts.