La désinformation, ses œuvres et ses pompes.

Ce matin, j'écoutais, comme il m'arrive de  temps en temps, Radio Vatican rediffusé en français par Radio-Notre-Dame.

Au milieu d'intéressantes nouvelles qui ont l'intérêt de balayer le monde entier, quelle n'a pas été ma surprise de voir citer comme  source sur ce qui se passait en Syrie l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Je pensais que cette radio était à l'abri de la désinformation internationale, mais non. 

La nouvelle était qu'il y avait eu déjà des  violations  à la trêve qui vient d'être  signée en Syrie. Comme par hasard , ce sont  des soldats de l'armée gouvernementale,  dite du "régime" (même  si le régime en cause est le gouvernement  légal  reconnu internationalement )  qui en seraient  responsables.  C'est peut-être vrai, mais  soyons sûrs que si cela avait été des violations du camp adverse,  l'Observatoire en question n'en aurait rien dit.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme, appellation aussi rassurante que trompeuse, a été fondé par  Rami Abdel Rahmane, un Frère musulman  basé à Coventry  avec l'appui des services secrets anglais et sans  doute américains. Depuis 2011, il a le quasi  monopole  de l'information  primaire sur ce qui se passe en Syrie. Inutile  de dire que son préjugé antigouvernemental, antirusse  et  pro-djihadiste est bien ancré. L' AFP par exemple ne cite que lui et, dans la foulée, des dizaines de journaux  commencent leurs articles par la formule devenue rituelle "selon  l'OSDH" [1].

Si les médias occidentaux se laissent  ainsi  désinformer, c'est  qu'ils  le veulent bien, partageant le même préjugé idéologique qui justifie  l'intervention  de l'OTAN en Syrie  : anti Assad, anti Poutine et, par le fait même (les ennemis de nos ennemis sont nos amis),  pro-islamiste. Bref le parti qu'on pourrait appeler "droit de l'hommiste-djihadiste" puisqu' il défend  les droits de l'homme  contre Assad  en s'appuyant sur les djihadistes  (repeints en  simples "rebelles").

Il était également  hasardeux de la part de Radio Vatican de citer comme  parole d’Évangile les déclarations de François  Hollande  en visite en Irak  vantant la contribution de l'armée française à la lutte contre l'islamisme quand on sait que des conseillers militaires ont été actifs auprès des groupes djihadistes comme Al Nosra en Syrie, y compris dans la récente bataille d'Alep. « Agir contre le terrorisme en Irak, c'est  prévenir des actes terroristes sur notre sol » dit notre président. Et en Syrie ?

Le  Vatican lui-même, très prudent sur le Proche-Orient,  n'est pas en cause . C'est d'abord  l'osmose de la rédaction française de Radio  Vatican avec la presse catholique française et c'est ensuite l'osmose de cette presse catholique avec la presse nationale et internationale officielle qui expliquent ces dérives : un petit monde  mimétique  qui répercute passivement  les préjugés idéologiques dominants. On s'attendrait de la part d'un organe de presse comme Radio  Vatican à un peu plus de recul à l'égard de la propagande de guerre de l'OTAN  et de ses instruments comme le prétendu Observatoire syrien des Droits de l'homme.

[1] http://www.lefigaro.fr/international/2016/08/09/01003-20160809ARTFIG00148-l-osdh-source-contestee-de-la-guerre-en-syrie.php