L’Etat n’a rien à négocier avec l’islam en France

Source [Causeur]  Vouloir unifier l’islam de France est une dangereuse utopie: tous les islams ne sont pas compatible avec les valeurs de la République.

L’intention d’Emmanuel Macron de réorganiser le culte musulman en France est louable. Le bilan du Conseil français du culte musulman (CFCM) n’est qu’un constat d’échec : refus affiché des droits de l’homme, absence de légitimité aux yeux d’une grande partie des musulmans de France, ambiguïtés récurrentes, opacité, liens avec les Frères musulmans, « hallalisation des esprits »… Je crains cependant que notre président ne prenne le problème à l’envers : la question aujourd’hui n’est pas tant d’organiser le dialogue avec l’islam, que de savoir avec quel islam il est souhaitable et possible de dialoguer.

L’islam unifié n’existe pas

En France comme ailleurs, il n’y a pas un mais des islams. Et il serait catastrophique d’essayer de faire de tous les musulmans de France une communauté religieuse unique : c’est exactement ce que souhaitent les thuriféraires de l’islam politique, qu’ils soient salafistes, wahhabites, adeptes de l’État islamique, d’Al Qaïda ou des Frères musulmans. Pour eux, la solidarité entre « frères et sœurs en religion » est plus importante que tout, et c’est ainsi que de braves gens finissent par fermer les yeux sur la présence de terroristes parmi eux, et ont bien des scrupules à les condamner.

Nous devons, au contraire, lutter sans relâche contre tous ceux qui voudraient que l’appartenance à l’Oumma prenne le pas sur les convictions personnelles, et combattre toute forme d’assignation identitaire, qu’elle ait pour but d’unir les musulmans en une contre-société sécessionniste, de les rejeter en bloc, ou de les accepter sans distinction. Vouloir traiter de la même façon Rachid Benzine et Rachid Habou Houdeyfa (l’imam de Brest qui enseignait aux enfants que la musique est l’œuvre du diable) n’a absolument aucun sens, malgré leur prénom commun. Imaginer qu’Abdennour Bidar et Henda Ayari auraient le même représentant auprès des pouvoirs publics que Tariq Ramadan et Houria Bouteldja est une absurdité et une injure.

Un « islam de France unifié » serait probablement islamiste

En outre, il est très probable qu’un « islam de France unifié » serait aujourd’hui dominé (en influence si ce n’est en nombre) par le salafisme, celui des wahhabites ou celui des Frères musulmans, les uns et les autres ennemis déclarés de notre civilisation. Au sein de cette entité hypothétique, ce sont une fois de plus les musulmans humanistes développant une pensée critique vis-à-vis des dogmes et des textes qui seraient réduits au silence, alors que c’est d’eux et d’eux seuls que pourra naître un islam qui ne soit pas une menace. Sans oublier que ceux-là s’expriment généralement en tant qu’individus, et ne souhaitent probablement pas qu’un représentant communautaire quelconque parle en leur nom et à leur place. Prenons garde à ce que la voix d’une Leïla Babès ne soit pas submergée par les délires complotistes de centaines de Mennel !

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