Islamisme : comment résister à la soumission

La menace islamiste a toujours existé comme un impérialisme théocratique par le sabre, mais l’Europe lui a toujours résisté. En a-t-elle la volonté aujourd’hui ? Comme jadis, ses armes sont avant tout dans une culture de la raison et de liberté.

LA RECONSTITUTION du califat, dont l’avenir nous dira si elle fut éphémère ou durable, tend à replacer l’Europe dans une position qui fut longtemps la sienne : l’Europe se définit, en effet, historiquement et stratégiquement, comme la part occidentale de l’Eurasie qui a résisté à la conquête islamiste, ou s'en est libérée (Espagne, Balkans, Ukraine).

L’histoire nous enseigne que Boko Haram, par exemple, n’est pas une nouveauté, mais un acteur bien connu et qui, avant la colonisation européenne, opérait substantiellement de la même manière que nous le voyons faire aujourd’hui. De même le pouvoir de l’État islamique n’a rien de très surprenant pour ceux qui savent quels furent le pouvoir des Almohades, en Afrique occidentale, ou celui de Turcs seldjoukides, au Proche-Orient. 

Conquête et férocité

L’islamisme se présente à nous comme ce qu’il fut plusieurs fois dans l’histoire : une entreprise de conquête armée par une théocratie féroce, ne laissant le choix qu’entre deux options : la soumission à un écrasement sans limite ou la résistance armée à outrance.

La résistance s’impose avec évidence à tout pouvoir européen désireux de conserver une légitimité.

La résistance s’impose, indépendamment de la réponse à une importante question : celle de savoir ce que va devenir l’islam dans son ensemble. Va-t-il, dans l’avenir, en totalité ou par fragments :

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 - basculer dans l’islamisme ?
 - tomber dans une sorte d’athéisme libéral ?
 - se réformer dans un sens moderne, ce qui reviendrait pour lui à intégrer dans sa constitution une dose d’humanisme et de spiritualité le rapprochant du christianisme (notamment en acceptant la distinction du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ») ?

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Il faut donc résister avec autant de souplesse que d’énergie, laissant la porte ouverte sans naïveté à des évolutions positives, si elles doivent se produire.

Le premier danger est en nous

Pour que la résistance soit forte, cohérente et victorieuse, nous devons réaliser que le premier danger est en nous.

Il faut sortir de notre amnésie et rénover l’humanisme occidental en en redécouvrant les racines et l’unité. Sortir de la sédation profonde, (mais non définitive !), dans laquelle voudrait nous plonger le recruteur en chef de l’islamisme : un certain Occident amnésique, qui se hait lui-même en trahissant les racines de son humanisme.

La force de l’islamisme

La force de l’islamisme se trouve d’abord :

Dans la dégradation intellectuelle et morale de l’humanisme occidental postmoderne,

Dans la destruction par celui-ci de la liberté de pensée via l’imposition d’un nihilisme d’État,

Dans l’iniquité absolue d’une économie financière, réduisant des nations entières en esclavage pour dettes, et privant la jeunesse de tout avenir économique,

Dans la perte de légitimité de classes politiques devenues de véritables oligarchies vivant sur le pays, et gérant la destruction des droits démocratiques et de l’avenir économique de leur peuple.

Pour combattre l’islamisme, il est prioritaire de bien comprendre la tentation théocratique, dont le nihilisme occidental postmoderne est une forme de dérive inversée.

 

Henri Hude est philosophe, ancien élève de l’ENS, directeur du Pôle Éthique des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan. Sur ce sujet, lire l'Ethique des décideurs (Économica), chap. 11 : « Religions, philosophies et laïcité universelle ».

 

À suivre : Comprendre la question de la théocratie pour mieux la combattre.

 

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