Dans le VIIIe arrondissement de Paris, le théâtre du Rond-Point est une institution. Lancé en 1981 par la compagnie Renaud-Barrault, l'ancien Palais des Glaces est résolument tourné vers la création contemporaine (les auteurs vivants). Il prévoit de donner Golgota Picnic du 8 au 17 décembre prochains, une pièce dans laquelle son auteur, l'Espagnol Rodrigo Garcia, met en scène sa haine du christianisme et ce qu'il représente.

Conseillère de l'arrondissement, Chantal Tiberghien a tenu à faire valoir son opposition de principe, même si en tant qu'élue, elle ne porte pas de jugement sur la programmation. Un établissement largement subventionné par des fonds publics (presque 4 millions d'euros de fonctionnement), ne peut laisser impunément un artiste se livrer à l'insulte vis-à-vis d'une catégorie de citoyens pour leur croyance religieuse. Seule, Mme Tiberghien s'est abstenue lors du vote de la subvention d'investissement accordée au théâtre au motif qu'il programme une œuvre discriminatoire.

Si la liberté de création est un droit,  l'art n'est pas au-dessus des lois  dit-elle. Associée à une autre élue, Mme Piredda, elle a fait porter sa contestation au compte-rendu de la séance du conseil du 14 septembre :

 Le spectacle de Golgota Picnic de Rodrigo Garcia, programmé du 8 au 17 décembre 2011, au Théâtre du Rond-Point, relève d'une atteinte au respect des croyances religieuses. L'auteur y déclare, entre autres, que l'iconographie chrétienne est l'image même de la terreur et de la barbarie. Un élu se doit d'intervenir quand un groupe de personnes est insulté sur ses croyances, qu'elles soient juives, chrétienne ou musulmanes.

L'art n'est pas au dessus des lois et ne peut être pris en otage ou comme prétexte pour proférer des insultes envers une quelconque religion.

La politique annoncée par le maire de Paris, très attentif à la lutte contre les discriminations, ne dit pas autre chose. A lui de prendre ses responsabilités et de faire respecter la loi. 

L'opposition de ces élues, ferme et argumentée, mérite d'être connue et de faire école.

 

Synopsis de la pièce Golgota Picnic
C'est que tout fout la trouille mes amis ! Faut voir l'état des toilettes publiques !
Partout sur le sol, des hamburgers. Jésus est passé par là, il a multiplié les pains. Le Christ, qu'on appelle ici el puto diablo , finira par voir sa plaie ultime de crucifié remplie de billets de banque. Plasticien, orchestrateur d'images chocs et de tableaux vivants aux provocations assumées, Rodrigo García interroge le monde et ses modèles, bouscule le cours de l'Histoire et de ses mythes. Toutes mesures dépassées, il fait du Messie et de ses acolytes une proie idéale. Machine de guerre lancée contre un monde d'hyperconsommation bovine, Golgota picnic met en scène une crucifixion tragique et trash. L'artiste démontre avec toutes ses armes que l'iconographie chrétienne est pour lui l'image même de la terreur et de la barbarie .
Dans cette épopée drôle, décalée, débordante, Jésus devient la cible, lui qui multiplia la nourriture pour le peuple au lieu de travailler avec lui . Le chef d'orchestre italien Marino Formenti vient interpréter la partition intégrale pour piano des Sept Dernières Paroles du Christ sur la croix de Joseph Haydn. Apaisement possible dans une fresque grandiose, scandaleuse et agitée. Après Versus, ou Et balancez mes cendres sur Mickey au Rond-Point, Rodrigo García et sa bande de fous furieux espagnols déchiffrent les évangiles à la machette. Ils font tomber des murs d'angoisses et de culpabilités héritées. Performeurs, danseurs, vociférateurs, anges chutés du ciel ou provocateurs enragés, ils s'attaquent aux peurs de deux mille ans de christianisme.
Production Centro Dramático Nacional / Madrid, production déléguée Théâtre Garonne / Toulouse, coproduction Festival d'Automne à Paris

 

 

 

 

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