Le retour de Glorious au cœur du projet pastoral diocésain Lyon-Centre est très instructif. Il est le fruit indéniable d'une maturité progressive tant des pasteurs que des laïcs et des communautés face aux enjeux et la mise en œuvre de la Nouvelle Évangélisation.

Grande joie pour beaucoup cette relance du groupe Glorious Acte 2 ou plutôt du Glorious nouveau, version Lyon-Centre à l'occasion de la fête des Lumières du 8 décembre. Rappelez-vous dans ces mêmes colonnes voici quinze mois, lorsque nous tentions ici-même de comprendre la concomitance en cet automne 2007 de l'arrêt de Glorious près de quatre ans après leur lancement au Zénith de Toulon, et le premier concert missionnaire hexagonal du groupe Hillsong dans ce même espace.
Tout un symbole en effet cette juxtaposition dans l'espace et le temps de ces deux évènements :

  • l'arrêt du groupe leader de la pop-louange française après un très beau parcours spirituel et apostolique, dans lequel se sont engouffrés à leur suite nombre de jeunes groupes de musique en France, visant une grande qualité musicale mais tout autant l'annonce explicite de la foi et la confession publique de leur amour profond de Jésus-Christ (Carmen'Z, Push, Aquerro, SpeartHit, et bien d'autres) [1] ;
  • l'arrivée de Hillsong en France, le 1er groupe mondial de pop-louange, implanté dans de nombreux pays, réalisant alors un magnifique concert-veillée de prière-louange... dont le public était sans doute au moins pour moitié catholique !

L'arrêt et les nombreuses difficultés de l'un, l'arrivée de l'autre : il y avait là quelque chose de contradictoire, ou plutôt d'interpellant pour tous ceux qui sont impliqués dans les nouvelles formes et expériences de la mission chrétienne, unique et universelle : annoncer l'Évangile de manière crédible, attractive et pertinente, et particulièrement aux jeunes générations.
L'enjeu de la pop-louange

Avec bien d'autres en cette fin 2007, nous avons effectivement tenté de diverses manières d'alerter les évêques, les responsables pastoraux de la jeunesse, les médias sensibles à la mission de l'Église auprès des jeunes sur les enjeux d'une telle situation, sur la gravité pour l'Église de France de ne pas accompagner et encourager ces initiatives pourtant pleines de promesses : n'était-ce pas là le signe d'une difficulté à identifier les vrais besoins pastoraux, à suivre l'orientation que semblait indiquer l'Esprit-Saint comme axe majeur d'évangélisation de ce début du XXIe siècle ?
Axe majeur, oui, mais non pas, bien sûr, l'unique ou le principal : l'enjeu de la pop-louange est d'interpeller, de tenter de "mettre le feu" de l'Esprit à l'âme des jeunes, de les conduire à une expérience spirituelle avec le Christ au coeur d'une communion fraternelle et en Église. Ensuite, il reste naturellement beaucoup à faire pour mener à une vraie conversion, à une évangélisation de tout l'être et à une vie chrétienne. N'empêche ! cette étincelle que les groupes catholiques de louange ont si bien réussi à allumer chez tant de jeunes par la grâce de Dieu, qui en prendraient le relais dans l'Église de France, qui en saisiraient les enjeux si ce n'est d'abord nos pasteurs en charge de la mission ?

Analyses, débats, propositions... ont alimenté longuement la toile ou les débats de nombreux responsables fin 2007 et tout 2008 en différents espaces, le plus souvent informels mais bien réels, et ce parfois même de manière surprenante comme en témoignent certains webmasters puisque les forums et blogs sur ce sujet ont été et demeurent parmi les plus actifs et consultés sur l'Internet catholique hexagonal (de France catholique à Golias !).

Jésus, à toi de parler
De son côté la fratrie Pouzin, les fondateurs de Glorious, ayant jeté l'éponge quelque peu épuisée physiquement et spirituellement, prend du recul voici un an, confie à nouveau tout ce projet dans les mains de Dieu comme dans une sorte d'abandon : Jésus : c'est toi le "boss'" tu as donné en abondance, on t'en remercie infiniment. Mais, sûr, tu redonneras encore plus si telle est ta volonté. On est "dispo", à toi de parler mais dis-le fort, parce qu'on aura besoin d'y croire pour remettre le couvert...
Le temps a fait ainsi son travail dans les cœurs, la réflexion et le discernement ont mûri, c'est surtout l'Esprit-Saint à n'en point douter qui fut à l'œuvre pour nous faire en cette fin d'automne 2008, ce cadeau de Lyon-Centre avec le nouveau Glorious made in bord-de-Saône, sous la houlette efficace de Notre-Dame de Fourvière.
Selon nous, ce qui porte particulièrement la marque de l'Esprit de cette re-naissance (et qui est comme un clin d'œil du Ciel — alors que rien n'était programmé ni même discerné voici un an à peine) est ce concept même de Lyon-Centre avec Glorious qui s'inspire justement et directement de la vision de Hillsong à ses débuts : une église évangélique désertée qui cherche à rejoindre des jeunes non-croyants d'une grande métropole. Ainsi, les projets Glorious et Hillsong qui s'avéraient de la même veine spirituelle et missionnaire, mais dans des dynamiques inverses voici quinze mois, sont aujourd'hui inscrites dans une même vision, Glorious et Lyon-Centre s'ancrant pour leur part totalement dans l'Église catholique. Prions donc pour que cette nouvelle dynamique catholique porte tout autant de fruits apostoliques dans la durée que leur consœur évangélique australienne.

Ancré dans l'Église diocésaine
Un ancrage pleinement ecclésial et diocésain, voilà la clé qui permet sans doute de décoder le coeur du Glorious.2. Aujourd'hui Lyon-Centre est effectivement ancré à 200% dans le diocèse de Lyon et fédère de nombreuses énergies : béni et fortement impulsé par le cardinal Barbarin, totalement assumé et piloté pastoralement par le curé, impliquant toute l'équipe pastorale des jeunes du diocèse, porté par toute une communauté de laïcs (près de soixante bénévoles dès cet automne), le projet n'est pas d'abord celui d'un groupe de musique évangélisatrice (ce que fut Glorious.1), mais bel et bien — comme l'est justement Hillsong-Church à Sydney depuis 20 ans — un lieu ecclésial, fraternel et communautaire, un espace tout dédié à la mission et porté, animé par une communauté de chrétiens choisissant l'évangélisation de la jeunesse tout en privilégiant le canal de la musique contemporaine, impulsé ici par Glorious.
Cette musique, qui se veut de qualité professionnelle et exigeante, est toute dédiée, d'une part à la prière, la louange et l'adoration, et d'autre part à l'annonce de Jésus-Christ, à la prédication directe et kérygmatique, à l'échange en vérité de tous sur leur expérience de la rencontre du Christ vivant. Les paroissiens associés à ce projet assument dès à présent autour de Glorious leur rôle d'enfantement spirituel et pastoral, comme Paul l'apôtre des nations nous l'enseigne dans son rôle d'évangélisateur. Il reste maintenant à transformer chaque semaine le premier essai de ce début décembre et à inscrire tout ce projet dans la durée.

Il est à noter également avec beaucoup d'intérêt que ce projet est 100% d'origine diocésaine, et non piloté par des communautés religieuses, des mouvements ou communautés nouvelles. Comme l'Esprit semble susciter aujourd'hui d'autres nouveautés dans de nombreux diocèses en France qui refusent le défaitisme et la résignation tout en saisissant les signes des temps, nous voici apportée la démonstration que l'innovation missionnaire pertinente, ambitieuse, sans fausse pudeur, peut trouver directement sa source dans les forces vives des diocèses, au sein d'une collaboration étroite des curés et de laïcs engagés en paroisses, en aumôneries...
Un modèle plein d'espérance
Il est heureux de le relever, car nous n'en avions sans doute pas été témoins depuis fort longtemps en France, tout au moins à ce degré d'ambition, d'innovation et d'ancrage diocésain. Prémisses d'une nouvelle moisson ? Ce projet est en tout cas la source d'une grande espérance pour le clergé diocésain entouré de leurs équipes, qui portent souvent très courageusement le poids du jour et sont souvent peu "payés de retour" par les fruits de leurs engagements et de leur vie toute donnée à la mission. Deo Gratias !

Beau programme, belles perspectives qui méritent nos encouragements, nos prières, notre appui apostolique (et voire notre implication à leurs côtés en terme de service ou d'aide financière pour ceux qui le peuvent). C'est un projet qui méritera du temps, des ajustements indispensables, beaucoup de travail certainement ; sans aucun doute sollicitera-t-il des ressources spirituelles et pastorales importantes au gré des besoins ajustés par la relecture, l'écoute de l'Esprit, l'intercession, la prière...
L'enjeu missionnaire de cette initiative est majeur, il dépasse largement le seul périmètre de l'Église de Lyon, mais il est tellement heureux (et significatif) que ce soit justement cette Église, siège du primat des Gaules, sous l'aiguillon avisé et visionnaire de son cardinal, qui ait tiré à ce point les leçons apostoliques et ecclésiales des premières années d'implantation de pop-louange catholique en France, pour lancer avec foi et enthousiasme ce revival tout catholique et missionnaire.

Coup de chapeau au Cardinal pour ce beau signe d'espérance dont il faut déjà rendre grâce, et qu'il nous faut suivre avec beaucoup d'attention !

© Libertepolitique.com et France catholique

 

[1] Cet arrêt de Glorious fut la suite logique de nombreuses péripéties musicales, économiques, ecclésiales... bien difficiles à démêler et à assumer dans la durée pour ses fondateurs, la jeune fratrie Pouzin.


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