État islamique, la cristallisation d'un rêve

L’on ne peut qu’être frappé par l’incapacité absolue des analystes occidentaux à déchiffrer la nature profonde de l’organisation de l’“État islamique”.

DES HOMMES POLITIQUES, pétris de droit romain se sont plu à poser une analyse juridique sur ce phénomène nouveau. À leurs yeux, l’État islamique ne serait pas un État au sens du droit international mais bien une organisation criminelle. Il importerait, par conséquent de s’attaquer à lui par des mesures techniques, et en premier lieu par des frappes aériennes.

Une aspiration fantasmagorique

Mais l’État islamique n’est-il qu’une organisation criminelle ?  

Il est bien plus que cela : c’est un rêve éveillé, qui sème la mort. Mais avant tout une aspiration fantasmagorique à la puissance retrouvée après les humiliations subies.

Il n’est que de voir défiler les images de propagande des films qu’il produit. La minorité djihadiste encadre les foules par le biais d’exercices rôdés d’autosuggestion. Il suffit de scander le mot califat pour qu’il devienne réalité.

Des exécutions « expiatoires »

Ce califat promet à des foules extatiques l’avènement de Dieu parmi les hommes. Dans ce contexte, les exécutions d’otages ne sont en rien perçues comme des actes criminels mais bien comme des actes d’expiation, en raison des crimes commis par l’Occident contre Dieu.

D’autre part, la plupart des adhérents à l’État islamique sont animés par un sentiment national très fort, qui dépasse souvent leurs aspirations religieuses. Ils se perçoivent déjà comme les victimes d’un complot imaginaire entre les États-Unis, l’Iran et la Syrie.

Mais lorsqu’un peuple marche en rêve, les bombardements sont en général sans effet. Surtout lorsqu’ils sont téléguidés par des élites somnambules.  

 

Thomas Flichy de La Neuville est professeur de géopolitique à l’ESM de Saint-Cyr, spécialiste du Moyen-Orient

 

Pour en savoir plus,
retrouver l'auteur à la conférence Bernanos/"Liberté politique" :
"L'Etat islamique, un dessein politico-religieux", Paris-Espace Bernanos, 8 octobre

 

 

 

 

 

 

 

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