Et si on statufiait une esclave noire ?

Source [Boulevard Voltaire] Sainte Joséphine Bakhita, vendue par des Africains à des Arabes, libérée par des Européens…

Après Churchill, Baden-Powell, Roosevelt, Colbert ou encore Cervantès, les néo-iconoclastes compulsifs s’attaquent désormais aux saints : aux États-Unis, la statue de l’Espagnol Junípero Serra a été abattue, celle de Saint Louis sauvagement dégradée et taguée. Le phénomène, crise identitaire faisant suite à la crise sanitaire, s’apparente lui aussi à une pandémie galopante à contagion très rapide : on ne sait quel obscur méfait ont commis ces saints ayant pansé toute leur vie les plaies des malheureux, mais eu égard à leur haute fonction dans la hiérarchie (céleste, car ici-bas, c’est loin d’être toujours le cas, mais allez leur expliquer cela…) de l’Église, ils étaient forcément de mèche avec cette « firme » de Blancs dominants. Tous responsables et tous coupables. Et si ce ne sont eux, ce sont donc leurs frères.

Le 20 juin, l’Espagne a demandé aux autorités américaines de protéger leur patrimoine commun. On doute fortement que la France en ait fait autant et on peut remercier la poignée de jeunes catholiques américains – les images ont beaucoup tourné sur les réseaux sociaux – qui ont sauvé l’honneur en allant frotter, lessiver, gratter pour effacer, sur le socle de Louis IX, les traces de l’outrage. La comparaison des deux scènes – d’un côté des hommes en noir, la tête rentrée dans la capuche qui éructent et détruisent, de l’autre des enfants sages à visage découvert qui réparent en chantant des cantiques – est du reste presque allégorique.

Les socles sont désormais vides. Qui mettre à leur place ? Un Noir, bien sûr. Une femme, idéalement. Une esclave libérée de ses chaînes serait évidemment parfait. On se gratte le menton. On cherche un nom.

Eurêka ! La Soudanaise Joséphine Bakhita (1869-1947) ! Mais c’est qu’il va falloir changer d’un coup tous les vieux logiciels.

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