Éric Denécé sur LCI : la grande menace continue.

Pour un islamiste, la façon dont les médias occidentaux présentent la crise d'Alep est une motivation pour passer à l'action.

Le 21 décembre Eric Dénécé (Directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement - CF2R) s'exprimait sur Alep et sur le terrorisme, sur LCI. Il déclare notamment :

"On est à mon sens sur une falsification de l'information qui est énorme. Bien sûr qu'on est sur une guerre civile en Syrie, mais ça ne concerne que 30% d'Alep, ce sont soit des civils qui sont pris en otage par des djihadistes, soit des gens qui refusent de quitter les quartiers parce qu'ils soutiennent ces mêmes djihadistes. On ne vous parle pas de tout ce qui se passe ailleurs en Syrie. On se fait rouler dans la farine avec Alep. Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas de victimes innocentes qui périssent (...) Seul 1/3 d'Alep est victime des bombardements, et j'insiste, c'est 1/3 de la ville dans lequel des jihadistes dangereux sont présents qui depuis des années tirent sur les quartiers chrétiens et le reste de la ville, ce dont on ne parle jamais. On ne parle pas non plus du massacre humanitaire que conduisent les Saoudiens aujourd'hui au Yémen où systématiquement des hôpitaux sont ciblés, des sites archéologiques détruits. Un de nos contacts qui est rentré du terrain l'autre jour nous disait qu'en Syrie, il y a des tas d'endroits où les choses se passent bien où on peut dîner dans la rue le soir dans les quartiers de Damas, aller au bord de la mer, donc le pays n'est pas à feu et à sang. Au Yémen, c'est totalement différent, il n'y a quasiment pas 1 km² qui ne soit pas bombardé par les Saoudiens, et on ne parle pas de cela. Dans les années 90, dans une ancienne colonie française (belge NDLR), le Congo, une guerre civile a fait 400 000 morts sur 4M d'habitants, soit 10% de la population. On n'en parle pas non plus. Aujourd'hui, le focus qui est mis sur la Syrie d'une part et sur Alep avec les désinformations qui les accompagnent est une falsification complète de la réalité, ce qui ne veut pas dire qu'on défende Bachar El Assad, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de victimes civiles qui disparaissent, mais il y a quelque chose d'extrêmement dangereux : pour un jeune islamiste aujourd'hui, la façon dont les médias occidentaux présentent la crise d'Alep est une motivation pour passer à l'action."

"Faire de la lutte antiterroriste, c'est chercher une aiguille dans une botte de foin. C'est ce qu'il y a de plus dur. Plus on augmente la taille de la botte de foin, plus le travail est dur. Ca veut dire qu'on cherche toujours que des aiguilles, ça veut pas dire que les migrants sont un danger en tant que tel mais à chaque fois qu'on fait rentrer 1 millier de migrants, il y a probablement 1 ou 2 terroristes. Donc, plus on fait rentrer de migrants, sans avoir les moyens de les filtrer, plus on augmente la difficulté du traitement du risque antiterroriste derrière, et c'est ce que les Allemands ont fait de manière un peu inconsidérée."