Eglise légale et Eglise réelle

Quand l'Eglise de France se cherche des représentants, va-t-elle les puiser dans les forces vives de l'Eglise de demain ?

Du 19 au 24 mars prochain se tiendra le « pré-synode des jeunes », destiné à rassembler à Rome 300 jeunes venus du monde entier, dans la perspective du synode qui se tiendra en octobre sur le thème « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. » 

La Conférence des évêques de France a désigné trois jeunes Français pour se rendre au pré-synode, en tant que « porte-paroles de la jeunesse française. » Et c’est là que le bât blesse. On découvre sur le portail de l’Eglise catholique de France le portrait des trois jeunes gens :

Claire, 29 ans, originaire du diocèse d’Arras est ingénieur. Jeune professionnelle, elle est engagée en tant que Présidente de la coordination des jeunes professionnels (CoJP). La CoJP accompagne et soutient les groupes de jeunes professionnels en régions. Eugénie, 25 ans est responsable de la pastorale étudiante du diocèse de Rouen. Adrien Louandre, 22 ans est étudiant à Amiens. Il est membre du Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC).

Oui, vous avez bien lu, ce même MRJC dont on ne finit pas de parler depuis sa sortie contre la Marche pour la vie et ses positions pro-avortement il y a une dizaine de jours.

Dans un communiqué officiel, l’Association des Guides et Scouts d’Europe s’est attristée, à juste titre, de ce que pas un seul représentant du scoutisme n’ait été retenu pour faire partie de la délégation, qui a, on le rappelle, vocation à être « porte-parole de la jeunesse française. »

De quelle jeunesse, là est la question. Le scoutisme français, si l’on se réfère aux différents rapports d’activité des principaux mouvements, rassemble en 2017 au minimum 150 000 jeunes, en se tenant aux plus grosses structures. Le MRJC, combien de divisions ? Vous serez bien en peine si vous souhaitez trouver le nombre exact de leurs adhérents.

Régulièrement, les enquêtes auprès des jeunes séminaristes les interrogent sur les éléments structurants qui ont conduit ces jeunes gens à entrer dans les ordres. Année après année, le scoutisme, avec les JMJ, est cité comme l’une des expériences déterminantes sur le chemin de la vocation, des futurs prêtres comme des religieux et religieuses.

Sur le site des Acteurs de la pastorale des Jeunes et de la Vocation,  le Père Yves Combeau, dominicain, aumônier scout et rédacteur des revues des éclaireurs et aînés Scouts unitaires de France, étudie l'appel du Seigneur à travers l'expérience scoute. Il écrit : "Le scoutisme est aujourd’hui, en France, un des lieux majeurs de vocation sacerdotale et religieuse. Il est avéré qu’une part notable des vocations, parfois plus de la moitié, parfois même plus des trois quarts, sont celles de scouts et de guides. »

Pour lui, les faits sont là et les étapes sont là : «  La première, la plus simple : dans le scoutisme, l’appel du Seigneur retentit. La seconde, la plus importante : dans le scoutisme, l’appel du Seigneur est entendu. »

Seulement, cela n’a pas dû être jugé pertinent par la Conférence des évêques de France.

On sait depuis Maurras qu’il existe un pays réel et un pays légal.

On découvre qu’il existe aussi une Eglise légale, qui a fait de l’accueil des migrants et de la lutte contre le Front national quelques-unes de ses priorités (on se souvient de l’ouvrage coécrit par Mgr Turck et Etienne Pinte à cet effet, pendant la campagne présidentielle de 2012), et qui accorde des subventions à des mouvements, comme le MRJC, en contradiction avec l’enseignement de l’Eglise. Et une Eglise réelle, qui bat le pavé des villes de France et de Navarre pour défendre la vie et le mariage, et tente, contre vents et marées, d’envoyer ses enfants au séminaire. Quand cessera-t-elle d’être l’objet de l’opprobre de ses représentants officiels ?

Constance Prazel

Crédits photo : Famille Chrétienne