Le vingt-cinquième Congrès international de la population qui se tient en ce moment à Tours est l'occasion d'un examen indispensable de nos aptitudes devant la vie qui se révèle déterminante pour le développement dynamique de nos sociétés.

Il faut remarquer à ce sujet qu'il aura fallu un certain temps pour que la science démographique soit reconnue comme une discipline primordiale au sein des sciences humaines et simplement dans le cadre de la science historique. Et pourtant était-il si difficile d'admettre que c'est la ressource humaine qui est la plus précieuse pour l'économie et qu'on voit mal comment une société vieillissante, parce que fermée à la vie, pourrait gagner le pari de l'innovation et de la croissance ?

C'est grâce, en France, à un esprit libre comme Alfred Sauvy que la démographie s'est imposée, y compris auprès des autorités qui ont admis le bien fondé des politiques familiales. Plus tard, Pierre Chaunu, avec l'histoire quantitative, montrerait comment la connaissance de l'évolution des populations expliquait le progrès ou le déclin des civilisations. Cependant, le monde développé, qui avait pourtant bénéficié de l'explosion démographique de l'après-guerre, allait engendrer dans les années soixante un climat de sinistrose confinant au catastrophisme. La croissance de la population mondiale, à en croire les augures, allait aboutir, conformément aux prévisions de Malthus, à l'épuisement des ressources alimentaires de la planète.

La première conséquence de ce pessimisme consista dans l'inversion des courbes de naissance, singulièrement en Europe. C'est la génération du baby-boom, qui, s'emparant de l'outil contraceptif, allait non pas, comme nous l'assène une propagande idéologique, "maîtriser sa fécondité", mais se précipiter vers un suicide démographique qu'un Chaunu avait annoncé il y a trente ans et plus, dans l'indifférence de la classe "éclairée". Même chez nous, où les statistiques ne sont pas les plus mauvaises, le taux de remplacement des décès par les naissances est loin d'être atteint. Que dire alors de pays comme l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne où la décélération est des plus alarmantes, puisqu'on y compte en moyenne qu'un seul enfant par femme en âge d'engendrer ? Depuis la peste noire au Moyen-Âge on n'avait pas connu un tel affaissement de population.

Par ailleurs, la thèse catastrophiste à l'échelle mondiale se trouve démentie par les faits et c'est à un ralentissement général des naissances que l'on assiste dans le tiers-monde. L'Église catholique se préoccupe depuis longtemps de ces questions, dans son souci des exigences de la morale sociale et du développement intégral de l'humanité. Une Académie pontificale pour la vie a été créée à Rome à cet effet.

On s'aperçoit que, contrairement à une campagne de dénigrement qui dure depuis 1968, l'attitude du Saint Siège s'est révélée prophétique et que le combat de Jean-Paul II au service d'une culture de la vie s'avère plus que jamais comme un impératif de salut planétaire qui s'impose aux hommes et aux femmes de bonne volonté.

*Editorial à paraître dans le prochain n° de France catholique

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