Comment le Qatar finance l'islam en France

Source [Les Echos] L'ouvrage « Qatar Papers » détaille comment et pourquoi le petit émirat gazier acquiert de l'influence auprès des musulmans de France et d'Europe à coups de construction de mosquées. Au risque de susciter une société parallèle.

L'objet. Qui finance influence. Rien d'étonnant donc à ce que le débat sur les sponsors de l'islam en France et en Europe soit brûlant. Cinq Etats, l'Arabie saoudite, la Turquie, le Maroc, l'Algérie et le Qatar se disputent le « marché » de l'islam politique du Vieux Continent, estiment les reporters Christian Chesnot et Georges Malbrunot, dont l'ouvrage se concentre sur le petit émirat gazier.

Leur enquête, nourrie de nombreux entretiens et documents confidentiels, révèle la manière dont Doha avance ses pions de manière très professionnelle, méthodique et opaque, via le programme Al Baith de son ONG Qatar Charity. Cette dernière finance 138 écoles et mosquées en Europe, du Grand Nord norvégien (!) à l'Italie, en passant par l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse, la Belgique, les Balkans et la France. L'ouvrage détaille, fac-similés à l'appui, l'action de Qatar Charity à Mulhouse, Nantes, Marseille, Lille, Poitiers, au Havre, ou en Ile-de-France, notamment auprès d'élus séduits par l'islam du « juste milieu », ou la promesse « une mosquée, deux mandats ». Budget total : 30 millions d'euros, le double des estimations officielles. Des dépenses généralement légales et qui ne financent pas le terrorisme, soulignent les auteurs.

L'intérêt. Les auteurs jugent, certes, légitime que les musulmans disposent de salles de prière décentes, mais mettent en garde contre le communautarisme voire la société parallèle à laquelle conduit ce prosélytisme, car Qatar Charity calque sa doctrine sur celle des Frères musulmans, dont il « irrigue la galaxie des associations ». L'ONG a d'ailleurs salarié leur prédicateur le plus connu en Europe, Tariq Ramadan. L'objectif pour Doha est d'apaiser sa base conservatrice, pour qui l'expansion de l'islam partout dans le monde est un devoir, et d'acquérir,  via ses investissements cultuels, financiers ou footballistiques, une sorte d'assurance à l'Ouest vis-à-vis de son ennemi saoudien. L'émir a promis la transparence à Paris, mais l'ouvrage reste dubitatif.

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