«Chrétien d'Orient mon amour», un nouvel essai sous forme de déclaration d'amour à la culture des chrétiens d'Orient

Alors que les chrétiens d'Orient ont passé Noël sous la menace islamiste, le FIGAROVOX a interrogé des auteurs du livre collectif Chrétiens d'Orient mon amour. Pour Marie Thibaut de Maisières et Simon Najm, la chrétienté orientale doit survivre. Il en va de la préservation d'une culture millénaire qui participe à la diversité et à la beauté du monde tout entier.

 «Chrétien d'Orient mon amour» est une déclaration d'amour à la culture des chrétiens d'Orient. Il réuni des experts et des passionnés, des Occidentaux et des Orientaux. L'achat de ce livre aide le Comité de Soutien aux Chrétiens d'Orient (CSCO) à préserver ou à reconstruire un Orient où les chrétiens peuvent vivre, mais aussi parce qu'en cherchant à mieux connaitre la chrétienté orientale, on l'empêchez de disparaître.

Les Chrétiens d'orient s'apprêtent à passer un nouveau Noël périlleux. La menace qui pèse sur eux est-elle toujours aussi forte?

Marie Thibaut de Maisieres: La situation est très différente en fonction des pays: une famille copte d'Égypte ne vivra pas le même Noël qu'un jeune couple chaldéen d'Irak ou une religieuse arménienne d'Alep. Et l'on ne peut pas non plus comparer, par exemple, les perspectives des chrétiens palestiniens et celle des maronites du Liban.

Cela dit, un point est commun à cette mosaïque de communautés: le danger de l'émigration. Si au début du XXe siècle un habitant du Moyen-Orient sur quatre était chrétien, ils ne représentent plus que 3%.

En Irak et en Syrie, l'émigration s'est accélérée massivement ces huit dernières années à cause de la guerre. On évalue à 70%, la part des chrétiens de ces deux pays qui ont du quitter leur région d'origine. La moitié de ceux-ci est partie loin, en Europe et en Amérique et ne reviendra probablement jamais. Et l'autre moitié s'est réfugiée dans d'autres régions ou dans les pays limitrophes. Maintenant que l'état islamique a été vaincu presque partout, le défi - et il est énorme, car les pays sont été terriblement détruits - est de retrouver une stabilité politique et un développement économique qui permettent aux chrétiens (et aux minorités en général) d'avoir envie de rester ou même de se réinstaller.

En Palestine, la situation quotidienne des chrétiens est moins critique, mais les perspectives économiques sont très mauvaises depuis la construction du mur et l'intensification de la partition du territoire. Les jeunes générations de chrétiens, souvent très bien formés et ouverts sur le monde, partent chercher des opportunités à l'étranger. La «terre sainte» se vide donc totalement de sa population chrétienne, la transformant en musée à ciel ouvert.

L'Égypte est encore de loin le pays qui compte le plus de Chrétiens, probablement 10%, soit près de 10 millions de personnes. Si le président Al Sissi se veut rassurant envers les minorités et répète à l'envi, «nous sommes tous égyptiens», il n'arrive pas à lutter efficacement contre les attentats djihadistes qui terrorisent la population. De plus, les membres des communautés chrétiennes se remettent difficilement du choc psychologique du bref gouvernement islamique de Morsi et voient avec angoisse le rigorisme religieux s'installer chez une partie de la population égyptienne musulmane.

Les chrétiens sont présents, avec courage et conviction dans la région depuis 2 000 ans. Leur culture est sublime et vivante, elle résistera au temps si nous leur apportons notre soutien.

Enfin, le Liban reste considéré comme le refuge des chrétiens de la région, mais on ne peut pas dire non plus que sa situation économique soit bonne, ce qui explique que beaucoup des jeunes n'ont pas d'autres choix que de partir, souvent à contrecœur.

Cela dit, moi je reste optimiste, les chrétiens sont présents, avec courage et conviction dans la région depuis 2 000 ans. Leur culture est sublime et vivante, elle résistera au temps si nous leur apportons notre soutien.

Simon Najm: Les familles chrétiennes déplacées et réfugiées qu'on a rencontrées dans le camp d'Ankawa en Irak et également à Beyrouth, nous ont exprimés leurs souffrances de passer encore un Noël loin de leurs maisons à Mossoul ou à Alep. Elles ont peur de l'avenir, elles ont tout perdu même l'espoir de vivre. Elles ne peuvent se résoudre à faire subir à leurs enfants ce que leurs grands-parents ont subi comme persécutions, exactions et massacres. Notre présence, notre écoute et le partage de leurs détresses ont mis du baume aux cœurs sur leurs plaies qui sont encore béantes et les ont encouragés à élaborer ensemble des projets de retours pour ramener ainsi un peu d'espoir aux générations futurs. Plus de 80% de ces familles, en majorités pauvres, souhaitent retourner dans leurs villes et villages, reconstruire leurs maisons et églises et vivre en paix avec les autres communautés.

Cette volonté forte de retour et de reconstruction est freinée par le manque de soutien du gouvernement irakien qui s'attend à ce que l'aide aux chrétiens d'Irak vienne des chrétiens d'occident, par des dons privés et des organismes de bienfaisances comme le CSCO (Comité de Soutien aux Chrétiens d'Orient ).

Par ailleurs, les tensions entre le gouvernement central de Bagdad et le gouvernement régional kurde quant à l'avenir de la région, ainsi que les tensions présentent entre les sunnites et les chiites provoquent une réelle instabilité et insécurité. Les chrétiens ne sont pas protégés, les intimidations et attaquent contre eux, considérés comme des «kouffars» infidèles non-musulmans, se poursuivent par des membres isolés de daesh. Ses actes restent impunis.

Malgré tout, plus de 6000 familles chrétiennes à ce jour sont revenues à Qaraqosh et ont reconstruit leurs maisons et églises. Un nombre similaire de familles sont aussi de retour à Bartela et Teleskof dans la plaine de Ninive en Irak.

En Syrie, la guerre est entrée dans sa huitième année sans espoir de solution politique. Dernièrement, les quartiers chrétiens de Damas ont subi des bombardements ciblés. Des atrocités sont commises régulièrement par toutes les parties contre les chrétiens pour les pousser à vendre leurs maisons et partir. Ces actes découragent aussi les réfugiés et n'incitent nullement au retour.

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