Avortement par médicaments : les pilules de la douleur et du tabou

Source [slate.fr] Deux tiers des IVG se font par voie médicamenteuse. Une pratique éprouvante pour certaines femmes dont on tait souvent les effets indésirables.

Mifépristone et misoprostol. Ces noms ne vous parlent peut-être pas et pourtant, ils sont à l'origine de douleurs intenses et continues chez certaines femmes qui ont décidé d'avorter par voie médicamenteuse. Cette technique, qui s'oppose à l'IVG chirurgicale, est pratiquée jusqu'à la fin de la cinquième semaine de grossesse, soit au maximum sept semaines après le début des dernières règles. En établissement de santé, ce délai peut s'étendre à neuf semaines d'aménorrhée.

La méthode consiste à prendre deux pilules: la mifépristone, le premier jour, et le misoprostol, quarante-huit heures plus tard. La première facilite le détachement de l'embryon tandis que la deuxième permet son expulsion. Depuis son autorisation, en 1990, la part des IVG par médicaments n'a cessé d'augmenter: en 2019, elles représentaient 70% des IVG contre 30% en 2001.

Les douleurs, dues aux contractions utérines et à la dilatation du col, sont souvent très intenses pour les femmes, encore plus pour celles qui connaissent des règles douloureuses. Encore trop souvent tu, cet acte loin d'être simple peut se révéler traumatisant si les patientes ne sont pas correctement informées sur les effets indésirables (nausées, diarrhées, saignements, fatigues intenses, etc.) et si elles sont mal accompagnées. «Ça a été très très douloureux», confie Lise*, 28 ans. «Moi qui ai déjà des règles hémorragiques, je n'avais jamais connu ce genre de douleurs. C'était sur le long terme, en continu, pendant des jours et des jours», explique-t-elle.

Une douleur insupportable décrite par Charlie*, 30 ans: «On m'avait dit que ça pouvait faire comme des douleurs liées aux règles mais on ne m'avait pas dit que ça pouvait être aussi intense. J'ai toujours eu des règles douloureuses mais là c'était puissance 1.000 et sans pause.» Comme Lise, Charlie a fait le choix de rester chez elle le jour de la deuxième pilule. «J'ai commencé à avoir mal au ventre avant même d'avoir fini d'avaler le médicament. Ça met à peu près 20 minutes à fondre dans la bouche. Je n'ai jamais eu aussi mal de ma vie, raconte-t-elle. J'ai passé des heures aux toilettes, à transpirer, à ne plus pouvoir bouger et à ne plus pouvoir parler. Avec une douleur atroce. J'ai eu l'impression que c'était un accouchement, sans péridurale.»

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