De nombreux sites informatiques sur le web délivrent de la pornographie crue et ils ne sont protégés que par une minuscule barrière de mise en garde qu'un simple clic peut supprimer.

Arte, chaîne télévisée publique qui se voudrait plus culturelle que ses sœurs (TF1 / France 2), se distingue par le style, mais le registre porno-chic y a toute sa place. Ainsi, sa promotion de la dépravation morale égoïste, le plaisir vénérien égotique. Actuellement le thème de la masturbation se trouve en première page à plusieurs reprises pour développer un discours visuel et idéologique laxiste encourageant à l'auto-érotisme : http://www.arte.tv/fr/histoire-societe (22 novembre 2007). Sous le titre Pardon, mais c'est trop bon , Sophie Janeau avait carrément présenté une jeune fille se masturbant en direct, avec encore la retenue d'une pudeur vestimentaire (2006) : www.arte.tv/fr/semaine/244 (avec rediffusions à l'appui le 1er aout 2007). La publicité autour de la nouvelle émission passe le cap : franchir tout tabou même en images !

Comme moraliste, le téléspectateur qui apprécie les programmes culturels d'Arte pourrait être tenté d'éviter d'en parler pour empêcher d'ajouter un mal à un autre mal, ici une publicité supplémentaire au déni de toute vraie déontologie. Mais, trop c'est trop... Les aides de l'État à Arte sont les deniers publics de tous ! Les photos s'avèrent provocatrices, de plus en plus directement initiatiques et perturbantes pour n'importe quel adolescent ou adulte. Assez ! Il y va de l'appel à l'objection de conscience au nom de tous ceux qui pâtissent de ce vice lascif qui comme tout habitus (nature seconde conquise) peut s'acquérir dès le premier acte mauvais et dont le délinquant se débarrasse dans la peine extrême, preuve manifeste d'une obstruction à la liberté que produit le plaisir sexuel solitaire !

Pour réconforter le sens moral des nôtres et de tout le genre humain puisqu'il y va de la loi naturelle, vraie grammaire universelle de l'éthique, et en contraste radical avec cette profonde déviance narcissique promue par la chaîne dévergondée, il n'est peut-être pas inutile de rappeler que le Catéchisme de l'Église catholique enseigne, avec la netteté dont on ne saurait trop lui être reconnaissant, la doctrine séculaire de l'Église, règle qui ne remonte pas au XVIIIe siècle comme le prétend l'indicateur de lecture d'Arte, et comme prouve la Somme de théologie de saint Thomas d'Aquin (XIIIe s.) laquelle compare la gravité des fautes contre la pureté dans un article qui concerne les péchés offensant la vertu de tempérance : Le péché par lequel on use mal de quelque chose est plus grave que celui qui omet le bon usage de cette chose. C'est pourquoi, parmi les vices contre nature, le péché d'impureté, qui consiste dans la seule omission de l'union charnelle avec autrui [masturbation] occupe le dernier rang.

- Mais le plus grave est la bestialité, où l'on n'observe pas la relation requise avec l'espèce. C'est pourquoi, sur ce passage de la Genèse (37, 2 Vg) : "Il accusa ses frères du crime le plus bas", la Glose ajoute : "Parce qu'ils avaient eu des relations avec les bêtes de leur troupeau."

- Après ce crime se place le vice de l'homosexualité, où l'on ne tient pas compte du sexe requis.

- Ensuite, c'est le péché de celui qui n'observe pas le mode qui convient pour l'union sexuelle. Et si l'on n'utilise pas l'organe sexuel qui convient, le vice est plus grave que si le désordre concerne seulement le mode de l'union (ST, IIaIIæ, q. 154, a. 12, ad 4). Avec une pudeur qui se comprend dans le contexte d'une société très policée, peut-être puritaniste, les anciennes traductions complètes laissaient ces passages en latin !

Revenons donc au texte magistériel qui s'appuie sur la déclaration Persona humana de la Congrégation pour la doctrine de la foi (29 décembre 1975). Le CEC rappelle avec limpidité : Par la masturbation, il faut entendre l'excitation volontaire des organes génitaux, afin d'en retirer un plaisir vénérien. "Dans la ligne d'une tradition constante, tant le magistère de l'Église que le sens moral des fidèles ont affirmé sans hésitation que la masturbation est un acte intrinsèquement et gravement désordonné." " Quel qu'en soit le motif, l'usage délibéré de la faculté sexuelle en dehors des rapports conjugaux normaux en contredit la finalité." La jouissance sexuelle y est recherchée en dehors de "la relation sexuelle requise par l'ordre moral, celle qui réalise, dans le contexte d'un amour vrai, le sens intégral de la donation mutuelle et de la procréation humaine" (CDF, déclaration Persona humana, n. 9) (CEC, n. 2352, 1997). Et pour conjurer l'immédiate objection psychologisante selon laquelle il faudrait toujours déculpabiliser le fautif afin qu'il ne s'enfonce pas dans sa faute, le catéchisme prévenant ajoute : Pour former un jugement équitable sur la responsabilité morale des sujets et pour orienter l'action pastorale, on tiendra compte de l'immaturité affective, de la force des habitudes contractées, de l'état d'angoisse ou des autres facteurs psychiques ou sociaux qui peuvent atténuer, voire même réduire au minimum la culpabilité morale. Cette réduction au minimum – mais pas à zéro – laisse donc intacte le discernement moral qui affirme qu'il y a dans la masturbation, en tant qu'acte volontaire, un mal objectif toujours et partout, un mal intrinsèquement mauvais, qui déstabilise la personne dans sa relation à Dieu et à l'Église, communauté de grâce au point qu'elle perd généralement celle-ci et ne peut plus s'approcher du sacrement de l'eucharistie sans une contrition réelle préalable qui appelle un aveu explicite dans le sacrement de réconciliation et de pénitence.

Malheureux pédagogues, éducateurs et pasteurs qui blessent cette vérité ! À l'inverse, la chasteté vous rendra vigoureux, prompt, alerte, pénétrant, clair comme un coup de trompette, et tout splendide comme le soleil du matin (Paul Claudel, Correspondance avec Jacques Rivière). Veuillent à leur tour, nos frères aînés juifs, nos cousins musulmans, répondre à cette provocation qui incite à une morale égoïstique, en se référant à leur patrimoine religieux et éthique, universel !

 

*Père Édouard Divry, o. p. (Montpellier).

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