À huit jours de la nouvelle échéance, toujours aussi difficile de prédire ce qui va arriver...

Source [L'Incorrect] Toujours aussi difficile de prédire ce qui va arriver et d’écrire une analyse un tant soit peu raisonnée sur le Brexit. Si du moins on veut éviter les simplismes ou les incantations moralisatrices.

1/ Il est trop facile de « tirer sur le pianiste » anglais…

 Il est vrai que David Cameron a joué au poker en engageant le referendum de 2016 sur la question du maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Mais on oublie que sa majorité était divisée, qu’un fort contingent de députés conservateurs militait pour la sortie et empoisonnait son gouvernement, et que les sondages lui garantissaient alors une confortable victoire. Une fois de plus, la classe dirigeante a été prise à contre-pied par le suffrage universel.

Il est vrai aussi que les leaders du Brexit se sont tous défilés quand il aurait fallu s’atteler à la tâche et diriger le gouvernement pour passer à l’acte. Il ne s’est trouvé que cette pauvre Theresa May pour avoir le courage d’affronter la difficulté.

Il est non moins vrai que, de la volonté même du gouvernement Cameron, rien n’avait été préparé, aucune étude réalisée, aucun programme de négociation élaboré, et que Theresa May a dû tout improviser, gouvernement, équipe de négociation, programme, au milieu des turbulences et des conflits internes. Elle a tenté de surmonter la difficulté en dissolvant le Parlement à l’été 2017 pour obtenir une majorité plus claire qui la soutînt. Mal lui en a pris puisqu’elle s’est retrouvée prisonnière du petit parti unioniste d’Irlande du Nord, parti des protestants nostalgiques, réfractaires à la paix et prodigues en surenchère.

C’est alors qu’on s’est aperçu que la question irlandaise avait été occultée ; acte manqué ? Probablement à cause d’une situation de partition qui n’est rien d’autre qu’un vestige d’une occupation coloniale violente, simplement gelée par la participation de l’Irlande et du Royaume-Uni à l’UE.

C’est alors qu’on s’est aperçu que la question irlandaise avait été occultée.

Il est vrai encore qu’en tentant de contourner un Parlement qu’elle savait désormais majoritairement hostile au Brexit, Theresa May a joué une partie dangereuse et l’a perdue. Déjà le referendum, qui est contraire à la tradition démocratique britannique, avait pris le Parlement à rebrousse-poil : en effet, c’est le Parlement qui exprime la souveraineté. Et s’il est en principe soumis au gouvernement, c’est précisément parce que, en principe aussi, ce dernier peut s’appuyer sur une majorité et donc imposer son rythme, son ordre du jour et sa discipline. Le corollaire veut que le Parlement vote ce que lui propose le gouvernement. Dès lors qu’elle avait cherché à s’en affranchir, il était inévitable qu’elle devînt suspecte aux yeux des députés, quel que soit leur camp. Elle a donc été mise sous une surveillance rapprochée dont le speaker de la Chambre des Communes, europhile convaincu, a été l’agent efficace. D’où la crise constitutionnelle qui s’est installée avec un Parlement qui tente – et réussit – d’imposer son agenda au gouvernement. Mais, est-ce bien tout ?

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