[Source : Le Salon Beige]

"[...] Puisque l’heure est à la franchise sans fard, on m’autorisera quelques compliments : quelle merveilleuse idée de semer la discorde parmi les catholiques français – qui, depuis la Manif pour tous, avaient trouvé un semblant d’unité – au prétexte d’un 8e péché capital que l’on ne trouve dans aucun catéchisme. Il est, en revanche, un 4e commandement assez célèbre – tu honoreras ton père et ta mère – qui consiste, entre autres, à ne pas mépriser, brader, mettre dans la benne les trésors culturels et spirituels que ceux-ci ont transmis.

Pour Jean-Pierre Denis, on peut résumer ce « piège identitaire »par une couverture récente de Valeurs actuelles : « La France chrétienne et fière de l’être. » Où est le problème ? Cette fierté n’est pas une gloriole personnelle, elle rend au contraire tremblant : saura-t-on être digne cet héritage ?

Le catholicisme, en France, serait dominateur et triomphant ; lui rabattre le caquet pourrait être légitime.

Mais alors qu’il est attaqué de toutes parts, entre le marteau de l’islam et l’enclume de la laïcité, on ne peut qu’applaudir ceux qui tirent sur l’ambulance parce que le malade, un peu revigoré, a relevé la tête : quel sens de l’à-propos. 

Et quelle humilité ! Pour Koztoujours, les « cathos identitaires prétendent défendre la chrétienté mais laissent le Christ au bord du chemin ». J’envie ce saint édifiant qui peut se vanter de ne jamais laisser le Christ au bord du chemin. Pour lui, encore, « le Christ ne se range pas sur l’étagère, avec le pinard et le saucisson ». Le Christ se trouve-t-Il mieux au fond de ce placard obscur dans lequel ce brave homme entend l’enfermer ?

En une ligne, Jean-Pierre Denis réduit le bouquin de Dandrieu à l’imprégnation maurrassienne de son auteur. Que n’y a-t-on pensé avant ? C’est évident, les millions de populistes qui grondent à travers le monde occidental sont issus de l’Action française. 

Eux autres, les purs, se proclament en tous points fidèles au pape. Ils vont aux périphéries. Sauf à celle (faut pas pousser) qui les débecte par ses intentions suspectes. Celle que décrit Christophe Guilluy dans son livre éponyme. Cette France populaire qui redécouvre, sous les coups de butoir de l’islam, son attachement atavique à son clocher. Pourquoi ce chemin de Damas serait-il pire qu’un autre ? Si ce réflexe de défense était le bout de la bobine qu’il fallait tirer pour (ré)évangéliser ? À moins que ce verbe-là soit aussi un péché ?"

Michel Janva